Crosswind - La Croisée des vents
de Martti HeldeGENRE : à la croisée de la mémoire et du 7ème artEstonie · 2014 · 1h27 · Vostf
Avec : Laura Peterson, Mirt Preegel, Ingrid Isotamm…
Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leurs foyers, sur ordre de Staline. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l’espoir de le retrouver. «Crosswind» met en scène ses lettres d’une façon inédite.
Comment témoigner de la tragique déportation de 40 000 Estoniens, Lituaniens, Lettons ordonnée par Staline en juin 1941 ? Comment traduire l’arrachement au printemps fleuri, le déchirement des séparations au pied des wagons à bestiaux, puis l’étirement interminable d’un exil glacé dans les forêts de Sibérie ? Ertti Helde, un tout jeune réalisateur estonien de 28 ans, vient de relever tous ces défis avec un talent d’une rare audace. Il a choisi de filmer en noir et blanc une succession de tableaux vivants dans lesquels les personnages sont figés dans leurs gestes et leurs expressions. Seule la caméra bouge. Avec elle vous allez entrer littéralement dans le décor, frôler les corps tendus par l’angoisse ou ployés sous le fardeau, contourner l’obstacle qui cache l’indicible. Vous allez être totalement impliqués dans ce dispositif d’une puissance suggestive rarement atteinte à l’écran. Pour servir de guide, une voix off, à la fois douce et vibrante, lit les lettres admirables écrites par Erna à son mari Heldur pendant 15 ans sans savoir qu’il est mort 5 mois après leur séparation. En effet, avant de commencer ce premier long métrage qui lui a demandé quatre ans de travail, Ertti Helde s’est imprégné de lectures et d’entretiens qu’il a menés avec les survivants dont son grand-père ; d’où le surinvestissement de ce « devoir de mémoire ». Le passage d’une lettre de déporté a joué un rôle de déclic : « Ici en Sibérie, j’ai le sentiment que le temps s’est arrêté, que nos corps ont été transportés ici mais que nos esprits sont restés dans l’été estonien. » Le parti esthétique du film n’est donc ni arbitraire ni artificiel. Au contraire, il s’impose avec la force de l’évidence et emporte l’adhésion. PATRICK RICHET
Lundi 5 octobre à 16h30 et 20h30 (Unipop Histoire)
de Martti HeldeGENRE : à la croisée de la mémoire et du 7ème artEstonie · 2014 · 1h27 · Vostf
Avec : Laura Peterson, Mirt Preegel, Ingrid Isotamm…
Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leurs foyers, sur ordre de Staline. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l’espoir de le retrouver. «Crosswind» met en scène ses lettres d’une façon inédite.
Comment témoigner de la tragique déportation de 40 000 Estoniens, Lituaniens, Lettons ordonnée par Staline en juin 1941 ? Comment traduire l’arrachement au printemps fleuri, le déchirement des séparations au pied des wagons à bestiaux, puis l’étirement interminable d’un exil glacé dans les forêts de Sibérie ? Ertti Helde, un tout jeune réalisateur estonien de 28 ans, vient de relever tous ces défis avec un talent d’une rare audace. Il a choisi de filmer en noir et blanc une succession de tableaux vivants dans lesquels les personnages sont figés dans leurs gestes et leurs expressions. Seule la caméra bouge. Avec elle vous allez entrer littéralement dans le décor, frôler les corps tendus par l’angoisse ou ployés sous le fardeau, contourner l’obstacle qui cache l’indicible. Vous allez être totalement impliqués dans ce dispositif d’une puissance suggestive rarement atteinte à l’écran. Pour servir de guide, une voix off, à la fois douce et vibrante, lit les lettres admirables écrites par Erna à son mari Heldur pendant 15 ans sans savoir qu’il est mort 5 mois après leur séparation. En effet, avant de commencer ce premier long métrage qui lui a demandé quatre ans de travail, Ertti Helde s’est imprégné de lectures et d’entretiens qu’il a menés avec les survivants dont son grand-père ; d’où le surinvestissement de ce « devoir de mémoire ». Le passage d’une lettre de déporté a joué un rôle de déclic : « Ici en Sibérie, j’ai le sentiment que le temps s’est arrêté, que nos corps ont été transportés ici mais que nos esprits sont restés dans l’été estonien. » Le parti esthétique du film n’est donc ni arbitraire ni artificiel. Au contraire, il s’impose avec la force de l’évidence et emporte l’adhésion. PATRICK RICHET
Lundi 5 octobre à 16h30 et 20h30 (Unipop Histoire)