Much loved
de Nabil AyouchGENRE : Drame - Interdit aux moins de 12 ansMaroc, France · 2015 · 1h44 · VF
Avec : Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane
Marrakech, aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d'amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.
Au début de l’été, arrivait sur nos écrans le récit saisissant de cinq jeunes sœurs turques en proie au conservatisme d’une société empêtrée dans ses traditions. C’était Mustang, un film qui devait beaucoup à la vitalité irréductible de ses personnages et aux qualités d’écriture de sa réalisatrice Deniz Gamze Ergüven. L’été s’achève sur cet autre joyau de la Quinzaine des réalisateurs cannoise : Much Loved, un film qui ose ne pas détourner les yeux devant les paradoxes d’une société marocaine gangrénée par l’hypocrisie. Non sans courage (le film est interdit de projection au Maroc), le réalisateur Nabil Ayouch (Les Chevaux de Dieu, en 2012) livre un récit découpé en d’intenses séquences et, là encore, porté par quatre personnages - quelles actrices ! - sublimes de dignité et de courage. Dans une Marrakech bigarrée, où le capitalisme le plus trivial cohabite avec les traditions les plus rurales, la caméra portée de Nabil Ayouch observe ces quatre femmes se débattre sur tous les fronts et dans toutes les strates sociales. Que le film dépeigne leur métier de travailleuses du sexe ou bien qu’il les montre plus silencieuses et en proie à de plus intimes chagrins, le cinéaste persiste à prendre son temps. Certes, le scénario de Much Loved réserve son lot de brutalités et d’humiliations ; pourtant, c’est bien la grande dignité de ces femmes libres qui perdure, à force de n’être pas réduites aux seules actions mécaniques, contraintes, vénales, de leurs quotidiens. Quand elles regardent la ville depuis les voitures avec chauffeur, un peu étrangères ; quand elles s’autorisent des liaisons amoureuses non tarifées mais tout aussi fragilisantes ; quand elles font preuve de solidarité pour rendre la rue moins inhumaine aux compagnons d’infortune... Much Loved ne manque pas une occasion de révéler la beauté irradiante de ces «amazones des temps modernes» - dixit Nabil Ayouch - qui rêvent de respectabilité. C’est exactement ce que le cinéma leur procure ici, grâce à autant de talents réunis. Non sans, au passage, mettre la société marocaine face à ses responsabilités. ⎥ NICOLAS MILESI
Mercredi 20 janvier : 20h15
Vendredi 22 janvier : 16h15
Dimanche 24 janvier : 14h20
Mardi 26 janvier : 18h
de Nabil AyouchGENRE : Drame - Interdit aux moins de 12 ansMaroc, France · 2015 · 1h44 · VF
Avec : Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane
Marrakech, aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d'amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.
Au début de l’été, arrivait sur nos écrans le récit saisissant de cinq jeunes sœurs turques en proie au conservatisme d’une société empêtrée dans ses traditions. C’était Mustang, un film qui devait beaucoup à la vitalité irréductible de ses personnages et aux qualités d’écriture de sa réalisatrice Deniz Gamze Ergüven. L’été s’achève sur cet autre joyau de la Quinzaine des réalisateurs cannoise : Much Loved, un film qui ose ne pas détourner les yeux devant les paradoxes d’une société marocaine gangrénée par l’hypocrisie. Non sans courage (le film est interdit de projection au Maroc), le réalisateur Nabil Ayouch (Les Chevaux de Dieu, en 2012) livre un récit découpé en d’intenses séquences et, là encore, porté par quatre personnages - quelles actrices ! - sublimes de dignité et de courage. Dans une Marrakech bigarrée, où le capitalisme le plus trivial cohabite avec les traditions les plus rurales, la caméra portée de Nabil Ayouch observe ces quatre femmes se débattre sur tous les fronts et dans toutes les strates sociales. Que le film dépeigne leur métier de travailleuses du sexe ou bien qu’il les montre plus silencieuses et en proie à de plus intimes chagrins, le cinéaste persiste à prendre son temps. Certes, le scénario de Much Loved réserve son lot de brutalités et d’humiliations ; pourtant, c’est bien la grande dignité de ces femmes libres qui perdure, à force de n’être pas réduites aux seules actions mécaniques, contraintes, vénales, de leurs quotidiens. Quand elles regardent la ville depuis les voitures avec chauffeur, un peu étrangères ; quand elles s’autorisent des liaisons amoureuses non tarifées mais tout aussi fragilisantes ; quand elles font preuve de solidarité pour rendre la rue moins inhumaine aux compagnons d’infortune... Much Loved ne manque pas une occasion de révéler la beauté irradiante de ces «amazones des temps modernes» - dixit Nabil Ayouch - qui rêvent de respectabilité. C’est exactement ce que le cinéma leur procure ici, grâce à autant de talents réunis. Non sans, au passage, mettre la société marocaine face à ses responsabilités. ⎥ NICOLAS MILESI
Mercredi 20 janvier : 20h15
Vendredi 22 janvier : 16h15
Dimanche 24 janvier : 14h20
Mardi 26 janvier : 18h