Samedi 11 avril à 17h30SÉANCE CLINS D’ŒIL

Le Challat de Tunis
Genre : Manifeste féministe de Tunisie
De Kaouther Ben Hania . Tunisie / FRA / Canada / Emirats Arabes Unis • 2014 • 1h30 • VOSTF
Avec Kaouther Ben Hania, Jallel Dridi…

Tunis, avant la révolution. En ville une rumeur court, un homme à moto, armé d’un rasoir, balafrerait les fesses des femmes qui ont la malchance de croiser sa route. On l’appelle le Challat, «le balafreur». Fait divers local ? Manipulation politique ? D’un quartier à l’autre, on en plaisante ou on s’en inquiète, on y croit ou pas, car tout le monde en parle… sauf que personne ne l’a jamais vu.
Le Challat de Tunis est de ces films qui arrêtent net l’antienne opposant le cinéma documentaire au cinéma de fiction. En adoptant une forme parfaitement hybride – et qui n’a rien à voir avec le simplisme laminant du docu-fiction – la réalisatrice Kaouther Ben Hania parvient à mettre en image le phénomène de la rumeur. À savoir la part infime de vérité que l’opinion publique boursoufflera des fictions les plus fantasmatiques. En creux, bien entendu, c’est la société tunisienne d’après la révolution – avec sa culture machiste archaïque toujours aussi vivace – que la réalisatrice questionne. Suivie de son caméraman, elle traque l’identité du Challat, presque dix ans après ses forfaits, non sans une persévérance et un courage qui forcent le respect, arpentant une rue tunisienne émaillée de combats de béliers et considérée par bon nombre comme « un piège à péchés ». Vrai geste féministe, ce film donne aussi à rencontrer des femmes pas fatalement victimes et dont les témoignages ajoutent à l’humour corrosif ambiant. Car c’est bien par la dérision que la réalisatrice entend mettre à jour l’hypocrisie dominante autour du statut des femmes tunisiennes. Le quasi-abandon de son but premier – retrouver qui était le Challat de Tunis – devient l’acte de résistance ultime face à des individus qui eurent été fort soulagés de ravaler le « Challat » au rang de fait-divers. Au contraire, la réalisatrice met en forme un objet cinématographique d’une intelligence imparable et assez jouissive. – Nicolas Milesi

en présence de la réalisatrice KAOUTHER BEN HANIA.
Une séance organisée en partenariat avec l’ Association des Cinémas de Proximité de la Gironde.

Vendredi 10 avril à 21h

Marina Abramovic : The Artist Is Present
Genre : Doc d’art contemporain
De Matthew Akers • USA • 2012 • 1h45 • VOSTF
Avec Marina Abramovic, Ulay, Klaus Biesenbach…

Marina Abramovic redéfinit l’art depuis près de quarante ans. Utilisant son corps comme médium, dépassant ses propres limites – quitte à risquer sa vie – elle crée des performances qui choquent, provoquent et émeuvent. Alors qu’elle se prépare pour l’un des événements majeurs de sa carrière, une rétrospective au MoMA de New York, Marina va enfin pouvoir répondre à la question qui lui est posée sans relâche: en quoi est-ce de l’art?

C’est un condensé d’énergie, une mise à nu qui tient autant du théâtre que de la sculpture : l’art corporel est l’un des genres les plus mystérieux de la création contemporaine. Matthew Akers s’en approche au plus près grâce à ce portrait de Marina Abramovic, 66 ans, auto-proclamée « grand-mère de la performance ». Nous sommes en 2010, à New York, et la belle s’apprête à prendre d’assaut le MoMA pour y accueillir les visiteurs qui souhaitent se livrer à un face-à-face silencieux avec elle. On se prend d’affection pour ce personnage haut en couleur, gourou sur les bords, menant son monde et le réalisateur par le bout du nez. Elle est surtout capable, par ses performances, d’atteindre ses spectateurs au plus profond de leur être. Il se joue alors quelque chose d’une rare intensité, que la caméra d’Akers parvient miraculeusement à saisir.  Télérama      

Film précédé d’une présentation par Anne Peltriaux, avec l’artiste Cédric Couturier : introduction sur la performance dans l’art.

Une soirée organisée en partenariat avec les arts au mur, artothèque de Pessac.

15h45 : Qu’est-il arrivé à Baby Jane?
de Robert Aldrich – USA – 1962 – 2H13 – Vostf
Avec Bette Davis, Joan Crawford…
Le destin tragique de deux soeurs rivales, dont l’impitoyable déchéance contraste avec leur gloire passée. Dans Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Aldrich prolonge à l’écran l’opposition (bien réelle) de deux monstres sacrés du cinéma classique hollywoodien dans un film crépusculaire qu’il s’amuse à dilater jusqu’à la boursouflure.

18h30 Le cours : Robert Aldrich par Michèle Hédin et Bernard Daguerre

L’INTERVENANT : Bernard Daguerre est critique littéraire (romans policiers, littérature étrangère) et cinématographique dans différentes revues et supports : Eclairs, 813, Le Monde Diplomatique, Aqui !, articles à l’occasion du festival de La Rochelle… Il est aussi président de « Polar en Cabanes », le salon de littérature policière de Gujan-Mestras.

Michèle Hédin est administratrice du cinéma : COURS PRÉCÉDENTS : Le cinéma d’animation; Les cinémas de l’Inde ; La Nuit du chasseur ; La Comédie italienne ; Alain Resnais ; Cary Grant ; Max Ophüls ; Danielle Darrieux, entre film musical et comédie musicale ; Femmes à la caméra ; Frank Capra ; Georges Lautner.

LECOURS : Cinéaste de la démesure et de la contestation du système hollywoodien des années 50- 70, Aldrich a alterné succès notoires (En quatrième vitesse, Vera Cruz, Les 12 salopards…) et échecs retentissants. L’originalité de son talent fut tôt perçue par la critique française, notamment par les futurs meneurs de la Nouvelle Vague, qui en firent l’une des références de la cinéphilie française des années 50. Retour sur le parcours hors norme d’un cinéaste parfois adulé, parfois honni, pour sa violence et sa force contestataire.

20h30 : Attaque
de Robert Aldrich – USA – 1956 – 1h47 – Vostf
Avec Jack Palance, Eddie Albert, Lee Marvin…
1944, sur le front des Ardennes. Le capitaine Cooney cause par sa lâcheté la mort de 14 de ses hommes. Après avoir détourné les règles du western, puis celles du film policier, le cinéaste s’en prend cette fois au film de guerre et au mythe du courage indéfectible de l’armée durant la Deuxième Guerre mondiale. Un film qui a déclenché la fureur des autorités.

18h30 : Le cours : Le syndicalisme à la française
L’INTERVENANTE : Chargée de cours en Histoire contemporaine à l’Université Bordeaux 3, Valé- rie Avérous-Verclytte a également enseigné à l’Université catholique de Buenos Aires. Ses re- cherches portent sur la protection sociale paritaire, les organisations syndicales et patronales, les négociations et les élites.
LE COURS : S’interroger sur les syndicats en France, c’est s’interroger sur la question de l’organisation des rapports entre l’Etat et la société civile. La loi de 1884 qui reconnaît officiellement les syndicats professionnels ou la Charte d’Amiens, adoptée en 1906, ont contribué à façonner le syndicalisme. Nous nous proposons de retracer l’histoire et les caractéristiques du « syndicalisme à la française », sans oublier ses moyens d’action.

20h30 : RESSOURCES HUMAINES
de Laurent Cantet – France – 1999 – 1H40 – avec Jalil Lespert, Jean-Claude Vallod…
Franck, après ses études de commerce, a rejoint les « cols blancs » des ressources humaines de l’entreprise dans laquelle son père est ouvrier depuis trente ans. Le père et le fils se retrouvent sur fond de lutte pour les 35 heures.

« Voici un excellent film ancré dans la réalité sociale la plus immédiate. Rarement une œuvre aura montré avec une telle acuité, une telle justesse les conditions difficiles du monde du travail. Mais, au delà de cet aspect documenté, il s’agit d’une fiction exposant le conflit entre ce fils à l’enthousiasme affiché et son père soumis à un travail aliénant et au paternalisme patronal. Avec un scénario remarquable, une réalisation impeccable, des acteurs non-professionnels étonnants, Laurent Cantet a su « capter la complexité » des rapports sociaux et humains d’une manière pertinente. » – Télérama

Pourquoi j’ai pas mangé mon père
de Jamel Debbouze, d’après le roman de Roy Lewis
France – 2014 – avec les voix de Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh

L’histoire incroyable et trépidante d’Edouard, fils aîné, malingre et répudié du roi des simiens préhistoriques. Après avoir échappé à la mort et grandi loin du trône, Edouard redouble d’ingéniosité et invente le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et l’espoir. Il va révolutionner l’ordre établi et mener son peuple vers l’évolution de l’humanité…
C’est un projet ambitieux que Jamel Debbouze, connu pour ses rôles au cinéma et ses spec- tacles humoristiques, a choisi de mener avec cette adaptation du célèbre roman de Roy Lewis. Le film a été entièrement tourné en « performance capture », comme Avatar ou Les Aventures de Tintin, une technique permettant de réaliser des films d’animation en images de synthèse avec au départ des acteurs en chair et en os. La présence au générique du génial Louis de Funès (pourtant mort en 1983) aux côtés de Jamel, place le film sous le signe de la comédie
hilarante…
BLANDINE BEAUVY