Fuocoammare, par-delà Lampedusa
Gianfranco Rosi est allé poser sa caméra sur l’île de Lampedusa, où viennent s’échouer depuis des années d’innombrables réfugiés venus de Syrie, d’Erythrée, de Somalie et d’ailleurs. Il filme des sauvetages, des perfusions de la dernière chance, des visages sculptés par la souffrance, des regards perdus, des cohortes de fantômes dorés – de l’or des couvertures de survie. En contrepoint, Rosi s’intéresse à la vie des habitants de l’île, et en particulier à Samuele, fils de pêcheur d’une dizaine d’années, que nous suivons tout au long du film. Cet enfant, cousin du petit Gibus de La Guerre des boutons et de Bruno, le courageux fiston du Voleur de bicyclette, est une merveille. Il faut le voir expliquant à son copain comment fabriquer un lance-pierre digne de ce nom : « Tu dois avoir la passion ! », dit-il le plus sérieusement du monde. Ces scènes quotidiennes, intemporelles, apportent une respiration face au poids terrible des fragments infernaux auxquels nous assistons. Rosi ne cherche pas à assommer le spectateur, il ne vise pas la sidération traumatique, l’acharnement dénonciateur. Il pose un regard précis, humain, sur une réalité, avec ce qu’il faut de courage et de respect. Il ne rabâche jamais, n’insiste jamais. (…) Fuocoammare, œuvre admirable en tous points, humaine et terrible, est de ces films qui, sans doute, nous rendent un peu meilleurs. – Les Fiches du Cinéma
Film précédé d’une présentation du 9e Festival du Film des Droits de l’homme, qui se tiendra au Jean-Eustache du 6 au 8 janvier 2017.