J'ACCUSE
de Roman PolanskiGENRE : Thriller historiqueFrance, GB, Pologne · 2019 · 2h12 · VF
Avec : Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner
Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.
Disons-le d’emblée, le J’accuse de Polanski fera date. Il est bien plus fréquent d’être séduit par un film inattendu que d’être comblé par une œuvre qui suscite de fortes espérances. C’est pourtant ici le cas. À l’ins- tar de Marco Bellochio pour Le Traître, Polanski a choisi, pour cette affaire judiciaire historique, la voie du classicisme. Mais un classicisme qui s’affranchit de tous les pièges du film à costumes plus ou moins amidonné, de dialogues un peu trop écrits. Un classicisme qui donne au film toute sa limpidité et toute sa force. Le parti pris scénaristique, issu du fameux livre de Robert Harris (An Officer and a Spy), est de suivre l’enquête du lieutenant-colonel Picquard, convaincu, preuves à l’appui, de l’innocence d’Alfred Dreyfus. On assiste ainsi à un véritable thriller politique particulièrement bien mené réussissant dans le même temps à dresser le portrait d’une France minée par l’antisémitisme mais où le sens de l’État et de la justice peut résister avec ténacité. Le film, produit par la Gaumont, a les moyens de ses ambitions et c’est un vrai plaisir que de retrouver un film français avec une telle ampleur visuelle. Le casting est irréprochable. Jean Dujardin maîtrise un jeu carré, so- lide, sans effets inutiles. Derrière, c’est un véritable défilé de pointures, souvent dans des seconds rôles : Louis Garrel (Dreyfus), Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric, Denis Podalydès, Melvil Poupaud, Gregory Gadebois, Vladimir Yordanoff... Le dernier film cinéma français consa- cré à Dreyfus date de 1899 et fut réalisé par George Méliès ! Heureuse- ment Yves Boisset avait tourné un remarquable téléfilm en 1995 sur un scénario de Jorge Semprun. De nombreux sites internet se croient au- jourd’hui obligés de préciser à propos du film de Polanski, « inspiré d’une histoire vraie », c’est dire s’il était temps de porter à l’écran « l’affaire ». ⎥ François Aymé
de Roman PolanskiGENRE : Thriller historiqueFrance, GB, Pologne · 2019 · 2h12 · VF
Avec : Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner
Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.
Disons-le d’emblée, le J’accuse de Polanski fera date. Il est bien plus fréquent d’être séduit par un film inattendu que d’être comblé par une œuvre qui suscite de fortes espérances. C’est pourtant ici le cas. À l’ins- tar de Marco Bellochio pour Le Traître, Polanski a choisi, pour cette affaire judiciaire historique, la voie du classicisme. Mais un classicisme qui s’affranchit de tous les pièges du film à costumes plus ou moins amidonné, de dialogues un peu trop écrits. Un classicisme qui donne au film toute sa limpidité et toute sa force. Le parti pris scénaristique, issu du fameux livre de Robert Harris (An Officer and a Spy), est de suivre l’enquête du lieutenant-colonel Picquard, convaincu, preuves à l’appui, de l’innocence d’Alfred Dreyfus. On assiste ainsi à un véritable thriller politique particulièrement bien mené réussissant dans le même temps à dresser le portrait d’une France minée par l’antisémitisme mais où le sens de l’État et de la justice peut résister avec ténacité. Le film, produit par la Gaumont, a les moyens de ses ambitions et c’est un vrai plaisir que de retrouver un film français avec une telle ampleur visuelle. Le casting est irréprochable. Jean Dujardin maîtrise un jeu carré, so- lide, sans effets inutiles. Derrière, c’est un véritable défilé de pointures, souvent dans des seconds rôles : Louis Garrel (Dreyfus), Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric, Denis Podalydès, Melvil Poupaud, Gregory Gadebois, Vladimir Yordanoff... Le dernier film cinéma français consa- cré à Dreyfus date de 1899 et fut réalisé par George Méliès ! Heureuse- ment Yves Boisset avait tourné un remarquable téléfilm en 1995 sur un scénario de Jorge Semprun. De nombreux sites internet se croient au- jourd’hui obligés de préciser à propos du film de Polanski, « inspiré d’une histoire vraie », c’est dire s’il était temps de porter à l’écran « l’affaire ». ⎥ François Aymé