LEILA ET SES FRÈRES
de Saed RoustaeGENRE : DrameIran · 2022 · 2h49 · vostf
Avec : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh,Payman Maadi
Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane. Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entrainent la famille au bord de l’implosion, alors que la santé du patriarche se détériore.
Début juillet, nous apprenions avec tristesse les arrestations des cinéastes Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi par le régime ultraconservateur d’Ebrahim Raïssi, investi en 2021 à la tête de la République islamique d’Iran. Saeed Roustaee, auteur de La Loi de Téhéran (un beau succès dans les salles françaises comme iraniennes l’an dernier) n’est pour sa part pas inquiété à l’heure où nous écrivons ces lignes. Le jeune réalisateur ne se prive pourtant pas de dénoncer les vices de son pays. Avec Leila et ses frères, sélectionné en compétition officielle à Cannes et injustement absent du palmarès, il quitte le registre du polar pour signer une fresque familiale tout aussi puissante et politique. Un patriarche opiomane obnubilé par les traditions de sa communauté, aussi dérisoires soient-elles. Une mère effacée et soumise à son mari. Quatre frères, la quarantaine, au chômage ou vivant de magouilles. Et une fille, Leila, qui désespère de voir sa fratrie engoncée dans la misère et qui tente de l’en extirper. Le tableau est riche mais chacune des 165 minutes du métrage est exploitée avec le brio d’un grand cinéaste pour ausculter une société coincée entre conservatisme et modernité et proposer dans le même temps une peinture universelle, haute en couleur et émouvante des rapports familiaux. Si les dialogues s’étirent parfois jusqu’à épuisement pour souligner l’impasse dans laquelle se trouvent les personnages, Roustaee sait aussi faire parler les regards dont certains bouleversent véritablement. Après une séquence d’ouverture spectaculaire, la mise en scène se fait quant à elle – presque – oublier tant elle épouse les variations du récit qui va puiser ses inspirations dans le néoréalisme, le burlesque et la tragédie grecque. Incarné par un troupe d’acteurs difficile à oublier, à la tête de laquelle la comédienne Taraneh Allidousti excelle, Leila et ses frères s’impose comme l’un des grands films de l’été. Vive le cinéma iranien ! Noémie Bourdiol
de Saed RoustaeGENRE : DrameIran · 2022 · 2h49 · vostf
Avec : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh,Payman Maadi
Leila a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier. Au même moment et à la surprise de tous, leur père Esmail promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain, la plus haute distinction de la tradition persane. Peu à peu, les actions de chacun de ses membres entrainent la famille au bord de l’implosion, alors que la santé du patriarche se détériore.
Début juillet, nous apprenions avec tristesse les arrestations des cinéastes Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi par le régime ultraconservateur d’Ebrahim Raïssi, investi en 2021 à la tête de la République islamique d’Iran. Saeed Roustaee, auteur de La Loi de Téhéran (un beau succès dans les salles françaises comme iraniennes l’an dernier) n’est pour sa part pas inquiété à l’heure où nous écrivons ces lignes. Le jeune réalisateur ne se prive pourtant pas de dénoncer les vices de son pays. Avec Leila et ses frères, sélectionné en compétition officielle à Cannes et injustement absent du palmarès, il quitte le registre du polar pour signer une fresque familiale tout aussi puissante et politique. Un patriarche opiomane obnubilé par les traditions de sa communauté, aussi dérisoires soient-elles. Une mère effacée et soumise à son mari. Quatre frères, la quarantaine, au chômage ou vivant de magouilles. Et une fille, Leila, qui désespère de voir sa fratrie engoncée dans la misère et qui tente de l’en extirper. Le tableau est riche mais chacune des 165 minutes du métrage est exploitée avec le brio d’un grand cinéaste pour ausculter une société coincée entre conservatisme et modernité et proposer dans le même temps une peinture universelle, haute en couleur et émouvante des rapports familiaux. Si les dialogues s’étirent parfois jusqu’à épuisement pour souligner l’impasse dans laquelle se trouvent les personnages, Roustaee sait aussi faire parler les regards dont certains bouleversent véritablement. Après une séquence d’ouverture spectaculaire, la mise en scène se fait quant à elle – presque – oublier tant elle épouse les variations du récit qui va puiser ses inspirations dans le néoréalisme, le burlesque et la tragédie grecque. Incarné par un troupe d’acteurs difficile à oublier, à la tête de laquelle la comédienne Taraneh Allidousti excelle, Leila et ses frères s’impose comme l’un des grands films de l’été. Vive le cinéma iranien ! Noémie Bourdiol