LES PASSAGERS DE LA NUIT
de Mikhaël HersGENRE : DrameFrance · 2022 · 1h51 · VF
Avec : Charlotte Gainsbourg, Quito Rayon Richter, Noée Abita
Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Elisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent... leur vie recommencée ?
Le nouveau film de Mikhaël Hers (Ce sentiment de l'été, 2016, Amanda, 2018) semble n'être pas de ce siècle tant il est une ode à la douceur, à la fragilité et à la puissance discrète des sentiments. Inscrite dans des années 80 fantasmées (le réalisateur n'avait que 6 ans en 1981), cette histoire d'une famille sans réelles dissensions abrite en son cœur une double éducation sentimentale, à deux âges de deux vies différentes : celle d'Elisabeth, une mère de famille obligée de se réinventer, et celle de son poète de fils, Matthias, tourmenté par la naissance d'un premier amour. Plus sensorielle que muséale, la reconstitution historique des Passagers de la nuit se répand comme par capillarité jusque dans la plastique du film – non sans une grande beauté – exhumant par-là le sentiment vivifiant d'une époque pas encore asservie à nos technologies soi-disant émancipatrices. La tonalité argentique des prises de vues s'unissent aux images du Paris d'alors, empruntées à Rivette, à Rhomer, à Claire Denis, convoquant au passage cette cinéphilie dont la Rive gauche était alors l'épicentre fébrile. Entre l'appartement du très graphique quartier de Beaugrenelle et la toute proche Maison de la Radio avec ses émissions dévolues aux insomniaques, le récit s'égrène en d'infimes moments de vie, faits de gestes et de regards à la simplicitémagnifiée par le cinéma et qui sont, dans l'instant où ils adviennent, très apaisants à (re)garder. Incarnés par des comédiens au meilleur – dont certains travaillent avec Hers depuis longtemps – chaque personnage participe à la mélodie d'un film-poème qui porte un soin extrême à la beauté singulière des voix. « Il y aura ce que nous avons été pour les autres. Simplement nous étions là, dit Elisabeth. Des fragments de nous, ces passagers de la nuit. » Quand la sensibilité et la délicatesse se conjuguent pour un grand bonheur de spectateur. | Nicolas Milesi
de Mikhaël HersGENRE : DrameFrance · 2022 · 1h51 · VF
Avec : Charlotte Gainsbourg, Quito Rayon Richter, Noée Abita
Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Elisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent... leur vie recommencée ?
Le nouveau film de Mikhaël Hers (Ce sentiment de l'été, 2016, Amanda, 2018) semble n'être pas de ce siècle tant il est une ode à la douceur, à la fragilité et à la puissance discrète des sentiments. Inscrite dans des années 80 fantasmées (le réalisateur n'avait que 6 ans en 1981), cette histoire d'une famille sans réelles dissensions abrite en son cœur une double éducation sentimentale, à deux âges de deux vies différentes : celle d'Elisabeth, une mère de famille obligée de se réinventer, et celle de son poète de fils, Matthias, tourmenté par la naissance d'un premier amour. Plus sensorielle que muséale, la reconstitution historique des Passagers de la nuit se répand comme par capillarité jusque dans la plastique du film – non sans une grande beauté – exhumant par-là le sentiment vivifiant d'une époque pas encore asservie à nos technologies soi-disant émancipatrices. La tonalité argentique des prises de vues s'unissent aux images du Paris d'alors, empruntées à Rivette, à Rhomer, à Claire Denis, convoquant au passage cette cinéphilie dont la Rive gauche était alors l'épicentre fébrile. Entre l'appartement du très graphique quartier de Beaugrenelle et la toute proche Maison de la Radio avec ses émissions dévolues aux insomniaques, le récit s'égrène en d'infimes moments de vie, faits de gestes et de regards à la simplicitémagnifiée par le cinéma et qui sont, dans l'instant où ils adviennent, très apaisants à (re)garder. Incarnés par des comédiens au meilleur – dont certains travaillent avec Hers depuis longtemps – chaque personnage participe à la mélodie d'un film-poème qui porte un soin extrême à la beauté singulière des voix. « Il y aura ce que nous avons été pour les autres. Simplement nous étions là, dit Elisabeth. Des fragments de nous, ces passagers de la nuit. » Quand la sensibilité et la délicatesse se conjuguent pour un grand bonheur de spectateur. | Nicolas Milesi