Les Pistolets en plastique

Les Pistolets en plastique

Les Pistolets en plastique

Réalisateur(s) : Jean-Christophe Meurisse
Acteur(s) : Laurent Stocker, Delphine Baril, Charlotte Laemmel
Genre(s) : Comédie - Tout public avec avertissement Une scène d'une très grande violence peut heurter un public sensible.
Origine : France
Durée : 1h36
Synopsis : Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu'elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d'être arrêté dans le Nord de l’Europe…

« Léa et Christine sont obsédées par l’affaire Paul Bernardin. » C’est peu de le dire. Inquiétantes à force d’être obsessionnelles, les deux enquêtrices en herbe partagent leurs prénoms avec celui des célèbres sœurs Papin (deux bonnes qui défrayèrent la chronique dans les années 30 pour le massacre de leurs patronnes), tandis que toute ressemblance de Paul Bernardin avec Xavier Dupont de Ligonès est tout sauf fortuite ! Bienvenue au cœur du réacteur d’un film absolument déjanté, éparpillé par petits bouts façon puzzle : les faits divers et la fascination sordide qu’ils exercent sur le public.
D’abord, comme on dit, « âmes sensibles, s’abstenir* » ! Ce préambule étant posé sans équivoque, les autres âmes sont vivement invitées à découvrir une comédie corrosive (« La tiédeur, c’est l’ennemi » dixit son réalisateur), dont l’inégalité des séquences n’empêchera pas l’ouvrage global de faire son office, décrit ainsi par son propre créateur, Jean-Christophe Meurisse : « L’art doit diviser. L’idéal, c’est que les gens s’engueulent en sortant d’une séance de cinéma. »
D’abord fondateur de la Compagnie Les Chiens de Navarre en 2005, (qui a développé une œuvre théâtrale basée sur l’improvisation), le metteur en scène avait déjà secoué le festival de Cannes en 2023, en présentant en séance de minuit le très clivant Oranges sanguines. Ce nouvel opus, au titre en forme de cadavre exquis (« Ces Pistolets en plastique sonnent bien, car tout le monde est un peu en plastique. »), fait à nouveau appel à des comédiens méchamment drôles. Delphine Baril et Charlotte Laemmel (Léa et Christine, donc) déploient un génie d’improvisation coutumier des Chiens de Navarre. À leurs côtés, de nombreux comédiens plus connus et tout aussi fantasques (« Je prends toujours des gens drôles » dit Meurisse, mais gardons la surprise…) font de courtes apparitions (mention spéciale à Vincent Dedienne et Aymeric Lompret en enquêteurs français aussi impuissants que désopilants).
Mosaïque de situations où l’horreur est absurde et où « on est dans le rire du pire », Les Pistolets en plastique provoque maintes réflexions. Meurisse cite Deleuze avec raison : « Il y a un charme de la démence. C’est ce qui résume tout le film. » À méditer après avoir repris ses esprits. ⎥ Nicolas Milesi

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