Only the River Flows

Only the River Flows

Only the River Flows

Réalisateur(s) : Shujun Wei
Acteur(s) : Yilong Zhu, Zeng Meihuizi, Tianlai Hou
Genre(s) : Policier, Drame, Thriller
Origine : Chine
Durée : 1h42
Synopsis : En Chine, dans les années 1990, trois meurtres sont commis dans la petite ville de Banpo. Ma Zhe, le chef de la police criminelle, est chargé d'élucider l'affaire. Un sac à main abandonné au bord de la rivière et des témoignages de passants désignent plusieurs suspects. Alors que l’affaire piétine, l’inspecteur Ma est confronté à la noirceur de l’âme humaine et s'enfonce dans le doute...

Parce qu’il ne nourrit pas toujours l’ambition de se mesurer aux porte-avions Hollywoodiens, le cinéma chinois produit régulièrement des pépites savoureuses. En attendant le très réussi Black Dog de Hu Guan (prix Un Certain Regard qui sortira en 2025), laissez-vous emporter dans ce récit baigné d’incertitudes qui prend les atours d’un polar digne d’Une pluie sans fin de Dong Yue (2017) ou du très beau Lac aux oies sauvages de Diao Yi’nan (2019).
Troisième film du jeune réalisateur Wei Shujun qui fut acteur à l’âge de 14 ans, Only The River Flows est issu d’un intense travail de répétitions avec ses comédiens ; il n’a rien laissé au hasard tout au long d’un tournage voulu dans l’ordre chronologique du récit et sur pellicule 16mm – onéreux, donc, et propice à cette méthode de travail. Adapté d’une nouvelle peu connue de l’écrivain Yu Hua (dont Zhang Yimou adapta Vivre ! en 1994), ce film noir intrigue autant que sa plastique séduit (la photographie, signée du talentueux Zhiyuan Chengma, est sublime). Inscrite dans les années 90, avec les moyens technologiques d’alors (et en pleine politique de l’enfant unique), l’enquête est menée par l’inspecteur Ma, un père en devenir dont le bureau est installé dans la cabine de projection d’un cinéma désaffecté. Un détail pareil – parmi quelques autres – n’est évidemment pas anodin et on ressent vite que l’intrigue du thriller est un prétexte – de l’aveu même du cinéaste : « La résolution de l’énigme n’est pas son unique enjeu, mais l’œuvre est également plus secrète, plus inattendue, plus obscure que les récits policiers classiques ». La traduction du titre, Seule la rivière coule, est un premier indice dans une œuvre préoccupée par la question du destin. Le cinéaste y livre avec maestria sa vision d’un monde où la vérité se dérobe aux esprits trop logiques et trop cartésiens. Avis aux spectatrices et aux spectateurs ! ⎥ Nicolas Milesi

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