UN SILENCE

UN SILENCE

UN SILENCE

Réalisateur(s) : Joachim Lafosse
Acteur(s) : Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Jeanne Cherhal
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h39
Synopsis : Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

On entre dans Un silence par des chemins tortueux. Pour raconter cette histoire d’une vérité qui se dérobe, la mise en scène de Joachim Lafosse (Les Intranquilles, L’Économie du couple) use d’une grande subtilité, soucieuse de ne jamais trop en dire puisque le secret et ses effets délétères sont au cœur de ce film inspiré d’un fait divers réel. « Un silence est l’un des films qui m’a demandé le plus d’exigence et de rigueur » souligne le réalisateur. Le résultat est fascinant. Nuancée de clairs-obscurs tout du long, cette peinture d’une famille de la bourgeoisie provinciale (digne de Claude Chabrol) se détaille en séquences intrigantes ou frustrantes de par leurs seuls angles de prises de vues. Ici un personnage demeure de trois-quarts dos, là, un contrechamp est absent, ailleurs le hors-cadre limite le regard… Impossible d’embrasser clairement les enjeux qu’on soupçonne de mieux en mieux tandis que le récit progresse d’un personnage à l’autre. La temporalité du film intrigue sans que jamais on ne s’y perde, préférant au suspense du « que va-t-il se passer ? » un intérêt plus marqué pour filmer la trajectoire d’un individu devenu coupable d’on ne sait pas encore quoi. Quelque chose que l’on ne voit pas se dévoile pourtant à bas bruit, rythmé par les silences des personnages, leur rythme, l’intensité de leur regard, leurs larmes… Emmanuelle Devos et Daniel Auteuil ont l’étoffe des très grands acteurs pour défendre des personnages pleins d’ombres. De par sa mise en forme, Un silence traduit la multiplicité des vérités qui explicitent un crime : « Il y a la vérité du procès, la vérité journalistique et puis la vérité des êtres dans leur complexité » précise Joachim Lafosse. « Il ne faut jamais oublier que le silence n’est pas le crime et que derrière toute personne silencieuse, il y a une épreuve, une difficulté à dire, une fragilité. » Depuis Élève libre (2008), Joachim Lafosse n’a plus à prouver qu’il connaît parfaitement les mécanismes d’emprise. Dans Un silence, il en explore avec talent un autre versant en utilisant les moyens du cinéma les plus habiles. ⎥ Nicolas Milesi

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