13 jours 13 nuits

13 jours, 13 nuits raconte l’exfiltration sous extrême tension d’un nombre record de ressortissants français et d’Afghans à partir de l’Ambassade de France, ultime refuge face à la fureur des talibans, à Kaboul, en août 2021. On croyait que ce type de récit relevait exclusivement de l’initiative hollywoodienne (cf. Démineurs, Green Zone, Mensonges d’État…). Dimitri Rassam (le producteur ambitieux et inspiré du Comte de Monte-Cristo) et Jérôme Seydoux (Pathé) relèvent le gant, avec le budget (30 millions d’euros), le casting (Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen), la reconstitution et le culot qui vont avec. Chapeau pour l’initiative réellement inédite. Martin Bourboulon, désormais rompu aux superproductions (Eiffel, Les Trois Mousquetaires) est à la mise en scène. Mais le point de départ qui fonde le projet, c’est à la fois cette situation vertigineuse qui entremêle géopolitique et diplomatie (avec des talibans…), urgence, improvisation et péril mortel mais surtout le récit original du principal protagoniste de l’affaire, à savoir Mohamed Bida (surnommé Mo), auteur de 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul (Ed. Denoël, 2022). Chacun se souvient des images télé impressionnantes de la foule massée à l’ambassade, terrorisée, et cherchant à fuir, coûte que coûte. Le film nous emmène à l’intérieur de cette ambassade devenue camp de retranchement. Il nous fait suivre pas à pas, la reconstitution d’une entreprise totalement improbable, périlleuse voire suicidaire, menée avec beaucoup de sang-froid et de détermination par un commandant Mohamed Bida, écartelé entre des talibans intraitables, des dignitaires français loin de l’urgence et des centaines de réfugiés aux abois. Le film tient son pari : entre tension palpable, reconstitution très concrète et détaillée de l’organisation de l’exfiltration, et l’ombre portée permanente des talibans qui n’en finissent pas de faire vivre un enfer à ceux qui n’ont pu partir. – François Aymé