45 ANS

45 ANS

45 ANS

Réalisateur(s) : Andrew Haigh
Acteur(s) : Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James
Genre(s) : Drame
Origine : Grande Bretagne
Durée : 1h35
Synopsis : Kate et Geoff Mercer sont sur le point d’organiser une grande fête pour leur 45e anniversaire de mariage. Pendant ces préparatifs, Geoff reçoit une nouvelle : le corps de Katya, son premier grand amour, disparu 50 ans auparavant dans les glaces des Alpes, vient d’être retrouvé. Cette nouvelle va alors bouleverser le couple et modifier doucement le regard que Kate porte sur son mari…

Depuis son sublime Week-end (tourné en 2011 et salué dans le monde entier), le réalisateur Andrew Haigh s’était consacré à l’écriture et à la réalisation de certains épisodes de la série produite par HBO – Looking – sorte de Chroniques de San Francisco du XXIe siècle. 45 ans est l’adaptation d’une nouvelle de l’écrivain britannique David Constantine et marque le retour d’Andrew Haigh au format cinéma et à sa contraction qui en dit long. Si Week-end explorait l’amour naissant d’un couple avec sa mystérieuse alchimie des intimités, 45 ans fait preuve de la même finesse psychologique, mais s’attelle à revisiter non sans cruauté un amour vieux de plusieurs décennies. Pour ce faire, le récit ne quitte jamais le sillage de Kate, incarnée par une Charlotte Rampling à son meilleur et dont le regard si particulier sert à merveille cette histoire émaillée de non-dits et de soubresauts intérieurs. Face à elle, Geoff serait un personnage presque falot s’il ne bénéficiait du jeu ciselé d’un Tom Courtenay. (Pour ce film, les deux comédiens se sont vus récompensés lors du dernier festival de Berlin.) Par touches successives et infinitésimales, 45 ans égraine les indices qui amènent Kate au vertige, sous l’œil captivé du spectateur. Une fois acquise l’évidence – c’est au grenier que le passé recèle ses secrets – la mise en scène use de beaucoup de subtilité et laisse sourdre le tragique sans jamais rompre le grand calme de ce film. Par un contraste tout en nuances, un rien aiguillonne les sens : ici un projecteur à diapositives dont le bruit semble cadencer la violence de ses révélations, là une robe dont la teinte paraît gommer Kate de son propre univers qui se délite… Andrew Haigh ausculte en véritable orfèvre ce couple de septuagénaires dont les repères vacillent. C’est assez cruel mais c’est suffisamment talentueux pour valoir le détour. ⎥ Nicolas Milési

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