A Real Pain

Deux cousins aux caractères diamétralement opposés – David et Benji – se retrouvent à l’occasion d’un voyage en Pologne afin d’honorer la mémoire de leur grand-mère bien-aimée. Leur odyssée va prendre une tournure inattendue lorsque les vieilles tensions de ce duo improbable vont refaire surface avec, en toile de fond, l’histoire de leur famille… A Real Pain est un petit bijou du cinéma indépendant américain, à la fois drôle et profond, dans la lignée de Little Miss Sunshine. Écrit, produit, réalisé, et interprété par Jesse Eisenberg, cette dernière pépite du Festival de Sundance témoigne d’un nouveau rapport à l’Histoire. Celui des « troisièmes générations », de ces petits-enfants issus de familles ayant survécu à la Shoah. Jesse Eisenberg, à travers ce film, rend hommage à sa famille et aborde une histoire qui n’est presque plus la sienne. « Si la guerre n’avait pas éclaté, c’est là que je vivrais » dit son personnage devant la maison d’enfance de sa grand-mère en Pologne. C’est un voyage émotionnel, une exploration de l’Histoire et des générations perdues. Cette aventure en Pologne représente un voyage historique mais aussi un cheminement introspectif. L’occasion pour nos deux personnages de marquer leurs retrouvailles et de trouver de l’apaisement dans le deuil difficile qu’ils éprouvent. Un sujet qui peut paraitre lourd de prime abord mais qui donne lieu finalement à un sympathique road-movie. Ce duo, l’un impulsif et tourmenté, l’autre plus calme et réfléchi, crée une dynamique touchante et une réelle alchimie à l’écran. À travers ce périple, A Real Pain interroge notre perception du passé et de la souffrance, en particulier celle des générations qui n’ont pas vécu la guerre, mais qui en portent les cicatrices invisibles. Ce n’est pas un film sur la Shoah, mais un film sur l’héritage de la Shoah, et sur ceux qui s’interrogent face à ce passé. Kieran Culkin, dans un rôle bouleversant qu’on n’oubliera pas, livre une performance exceptionnelle, saluée par un Golden Globe. A Real Pain mélange habilement histoire, mémoire et humour, tout en offrant une réflexion précieuse sur notre rapport à la famille. On apprécie chaque minute du film. À ne pas manquer ! – Alix Daul