ALICE ET LE MAIRE

ALICE ET LE MAIRE

ALICE ET LE MAIRE

Réalisateur(s) : Nicolas Pariser
Acteur(s) : Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Nora Hamzawi
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1h43
Synopsis : Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes.

Les films de fiction qui s’intéressent à la vie politique française ne sont pas très fréquents mais plusieurs d’entre eux ont marqué les esprits : Le Promeneur du Champ de Mars, Quai d’Orsay, L’Exercice de l’État, sans compter les séries TV À la Maison blanche et Baron noir… Une des singularités du film de Nicolas Pariser c’est qu’il ne se déroule pas dans les hautes sphères parisiennes du pouvoir mais dans une grande ville de province, « petit royaume pour un mini-roi ». La deuxième originalité de cette comédie politique décalée c’est qu’il ne se passe rien ou presque, si ce n’est le ballet incessant de collaborateurs très affairés autour du maire ou déambulant dans d’immenses couloirs. Nicolas Pariser, lui, croit à la puissance de la parole, de la réflexion philosophique et de la littérature (rendant au passage un bel hommage à l’attachante figure d’un imprimeur à l’ancienne, qui veut continuer à fabriquer de beaux livres). Pour Alice c’est la découverte à vitesse accélérée des us et coutumes de ce microcosme dont elle ignorait tout. Le maire, lui, veut poursuivre son action au service du progrès social mais son engagement semble au point mort devant les grands enjeux du moment, environnementaux et climatiques notamment. Que devient un élu lorsqu’il s’éloigne de ce qui a constitué l’essentiel de sa vie ? Autant que l’exploration des coulisses d’un grand service public, le film se concentre sur le récit de cette rencontre entre deux personnages qui, au-delà de leur solitude, vont se découvrir, et s’estimer. D’autres figures traversent le film, regardés sans condescendance même s’ils nous font souvent rire (la directrice de cabinet, l’homme d’affaires « providentiel » pour la ville, l’artiste désespérée par l’avenir qu’elle entrevoit). Mais pour le spectateur ce sont les échanges entre l’intellectuelle et l’homme d’action, présents quasiment à chaque plan, qui priment. Confiant dans l’intelligence du spectateur, Nicolas Pariser nous fait partager son intérêt pour les auteurs qui le nourrissent, Orwell, Rousseau, La Fontaine. Il est servi dans cette entreprise par deux acteurs absolument éblouissants, Luchini très émouvant dans son désarroi, face à Anaïs Demoustier, pleine de fraîcheur, souvent étonnée mais pas naïve. Malicieux, enlevé, brillant, le film parle de choses sérieuses avec légèreté. À déguster sans modération. ⎥ Michèle Hédin

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