Antoinette dans les Cévennes

Le plaisir est instantané devant cette comédie solaire, aux couleurs acidulées, qui se déguste comme un film prolongeant les vacances. Ce sont celles d’Antoinette dont il s’agit, une institutrice décomplexée qui, par contrariété amoureuse, se retrouve à fouler le Chemin de Stevenson avec un âne prénommé Patrick. Véritable fil rouge de ce récit initiatique, le duo erratique fait mouche grâce à la fraîche spontanéité de Laure Calamy, révélée par la série Dix pour cent et éligible à un César l’an dernier, pour sa prestation remarquée dans Seules les bêtes. Drôle et touchant, son personnage n’est pas sans rappeler celui de Delphine, l’héroïne du Rayon vert de Rohmer, que la comédienne Marie Rivière avait hissée au panthéon des héroïnes magnifiques des années 80. Alors quelle joie de l’apercevoir ici encourager Antoinette de toute sa bienveillante compassion ! Parce qu’Antoinette dans les Cévennes est fort bien dialogué, chaque personnage y est remarquablement campé, y compris les personnages secondaires tous hauts en couleur, qu’il s’agisse d’une cow-girl magnétiseuse ou d’un couple d’aubergistes amoureux. Très sensible et sans prétention, la démarche du film – arrimée à celle d’Antoinette en chemin – séduit par sa liberté de ton et par la modernité des rapports humains qu’elle dépeint. Derrière l’apparente légèreté, la réalisatrice Caroline Vignal invite à un regard loin des clichés aussi bien sur les hommes que sur les femmes, aussi bien sur les rapports hommes-femmes que sur les rapports femmes-femmes. Le cheminement d’Antoinette dans les Cévennes fait preuve d’une grande authenticité et c’est un enchantement. ⎥ Nicolas Milesi