Au nom de la terre a été écrit et tourné avec les tripes. Alors forcément, l’aspect viscéral de ce récit familial autobiographique qui enjambe trois générations, nous touche au cœur. Bien sûr, on connaît, de manière vaguement superficielle, l’histoire de l’agriculture contemporaine : les effets pervers de la production intensive sur les conditions de vie des ani- maux, l’assèchement et l’empoisonnement des sols, l’abaissement de la qualité des produits, les spirales d’endettement. On connaît tout cela, mais ici, ce vigoureux propos de dénonciation d’un modèle où le profit s’affranchit de toute autre considération, est incarné par une famille au quotidien. Et cela change beaucoup de choses sur notre perception. Le réalisateur Édouard Bergeon, qui conte donc l’histoire de son propre père, a eu l’ambition de toucher un large public sans pour autant sacrifier à l’authenticité et à la sincérité du propos. Pari tenu. Il nous livre une fic- tion crédible, attachante, documentée, loin des clichés ou des raccour- cis. Pour ce faire, il s’est appuyé sur une solide équipe : à la production, Christophe Rossignon (Une Hirondelle a fait le printemps, En guerre, Dilili à Paris), à l’écriture Emmanuel Courcol (Welcome, Cessez-le-feu) et au casting un Guillaume Canet inattendu mais qui trouve là l’un de ses rôles les plus forts. Les autres personnages sont très bien distribués : de Veerle Baetens (Alabama Monroe) à Rufus en passant par Anthony Bajon (La Prière, et ce mois-ci dans Tu mérites un amour). Après Pe- tit Paysan, le cinéma français confirme sa capacité à représenter avec justesse le monde paysan. ⎥ François Aymé

AU NOM DE LA TERRE
Réalisateur(s) : Edouard Bergeon
Acteur(s) : Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h40
Synopsis : Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, l'exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu… Construit comme une saga familiale, et d’après la propre histoire du réalisateur, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.