AU REVOIR LA HAUT

AU REVOIR LA HAUT

AU REVOIR LA HAUT

Réalisateur(s) : Albert Dupontel
Acteur(s) : Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Emilie Dequenne, Mélanie Thierry
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h55
Synopsis : Novembre 1918. A quelques jours de l'Armistice, Edouard Péricourt sauve Albert Maillard d'une mort certaine. Rien en commun entre ces deux hommes si ce n'est la guerre et le lieutenant Pradelle qui, en donnant l'ordre d'un assaut absurde, brise leurs vies en même temps qu'il lie leurs destins. Sur les ruines du carnage de la Première Guerre mondiale, chacun va tâcher de survivre : Pradelle s'apprête à faire fortune sur le dos des morts tandis qu'Albert et Edouard, condamnés à vivre, vont tenter de monter une arnaque monumentale.

Devant ce nouvel opus du talentueux comédien-réalisateur Albert Dupontel (9 mois ferme), se retrouveront les lecteurs du roman éponyme de Pierre Lemaitre (Prix Goncourt 2013) et les autres. Tandis que les premiers ne manqueront pas de mesurer tout ce que le mot adaptation recouvre – oui, le film prend des libertés, adoubées par Pierre Lemaître – les seconds découvriront l’accablante modernité des thèmes brassés dans ce récit post Grande Guerre, à savoir comment la cupidité des puissants contraint les petits à la survie (l’arnaque aux monuments aux morts) et combien la puissance de l’art est fragile face à la barbarie, le tout dans une hypocrisie sociale de bon aloi.
Grand film populaire assumé, Au revoir là-haut s’ouvre à un rythme effréné et fait montre de moyens à la hauteur de ses ambitions : depuis la boue des tranchées jusqu’au Paris fourmillant des années 20, la mécanique du récit l’emporte, à travers une reconstitution historique confondante et des mouvements de grue propres aux fresques cinématographiques d’envergure.
Au-delà des effets spéciaux et de la photographie très soignés, la beauté picturale du film tient aussi à ces masques créés par l’un des deux personnages principaux du film, Edouard Péricourt, artiste surdoué et gueule cassée. Le comédien Nahuel Perez Biscayart (révélé au grand public dans 120 Battements par minutes) lui offre sa gestuelle commedia dell’arte, tandis que Cécile Kretschmar, maquilleuse et accessoiriste de théâtre, lui offre le supplément d’âme de ses masques. Dadaïsme, surréalisme, cubisme… Le foisonnement artistique du début du XXe insuffle au film une poésie qui fait mouche. Si certaines résolutions scénaristiques finales empêchent un peu cette poésie de perdurer, la vision de Au revoir là-haut est par moments grisante et vaut franchement le détour. ⎥ NICOLAS MILESI

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