L’Ukrainien Sergei Loznitsa mène depuis vingt ans une remarquable réflexion sur l’Histoire et la politique de son pays. Récompensé à de multiples reprises dans les grands festivals, il a, avec Donbass, donné un avant-goût aussi terrible que lucide de la guerre actuelle. Son dernier documentaire est exceptionnel dans tous les sens du terme. C’est tout d’abord le premier grand film entièrement consacré au massacre des Juifs de Babi Yar (près de Kiev) par les nazis. Le cinéaste, avant d’arriver aux faits, s’étend sur le « contexte », c’est-à-dire les occupations soviétique-nazie-et-soviétique de l’Ukraine. Et pour cela il utilise les images d’archives filmées des Russes et des Allemands. Son parti pris : laisser parler sur la durée ces images pour ce qu’elles sont (de la propagande), en limitant au minimum le commentaire. Le pari est réussi. Car ces images, sur grand écran, sont d’une éloquence rare. Et l’écho avec l’actualité n’est pas pour rien (Kiev bombardé…) dans le trouble suscité par la projection. L’unipop du 26 septembre promet d’être passionnante. ⎥ François Aymé
BABI YAR. CONTEXTE
Réalisateur(s) : Sergei Loznitsa
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire, Historique
Origine : Pays-Bas, Ukraine
Durée : 2h0
Synopsis : Les 29 et 30 septembre 1941, le Sonderkommando 4a du Einsatzgruppe C, avec l’aide de deux bataillons du Régiment de Police Sud et de la Police auxiliaire ukrainienne, a abattu, sans la moindre résistance de la part de la population locale, 33 771 Juifs dans le ravin de Babi Yar, situé au nord-ouest de Kiev. Le film reconstitue le contexte historique de cette tragédie à travers des images d’archives documentant l’occupation allemande et la décennie qui a suivi. Lorsque la mémoire s’efface, lorsque le passé projette son ombre sur le futur, le cinéma est la voix qui peut exprimer la vérité.