Babygirl

Babygirl

Babygirl

Réalisateur(s) : Halina Reijn
Acteur(s) : Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas, Sophie Wilde, Esther-Rose McGregor
Genre(s) : érotique, thriller
Origine : U.S.A.
Durée : 1h54
interdit -12 ans
Synopsis : Romy, PDG d'une grande entreprise, a tout pour être heureuse : un mari aimant, deux filles épanouies et une carrière réussie. Mais un jour, elle rencontre un jeune stagiaire dans la société qu'elle dirige à New York. Elle entame avec lui une liaison torride, quitte à tout risquer pour réaliser ses fantasmes les plus enfouis...

9 semaines ½, Liaison Fatale, ou Basic Instinct de Paul Verhoeven… Dans les années 90, Hollywood livra pléthore de thrillers érotiques dont beaucoup suscitèrent l’admiration d’Halina Reijn – même si la réalisatrice néerlandaise constatait, non sans frustration, que « presque tous sont réalisés et écrits par des hommes ». Aujourd’hui, si son Babygirl s’inscrit dans cette veine, sa modernité en rebat les cartes en profondeur, en proposant des personnages nuancés au service d’un scénario audacieux. Dans une époque post #metoo où les questions de sexualité et de pouvoir sont scrutées plus que jamais, Babygirl est le récit d’une liaison passionnelle entre Romy, une puissante PDG new-yorkaise de la tech, et Samuel, un jeune stagiaire qui use de la hiérarchie entre eux comme d’une tension sexuelle. Incarné par Harris Dickinson – révélé dans la Palme d’or Sans Filtre – le personnage de Samuel surgit comme une apparition au sein de la mégapole américaine, révélant à Romy la complexité de son désir dans le monde qui est le sien, où les notions de performance et de maîtrise ont tout envahi. (Le mari trompé qui, sous les traits d’Antonio Banderas, est l’archétype d’une masculinité élégante et sensible, semble lui-même le fruit de cette perfection sociétale incapable de satisfaire certains désirs profonds de Romy.) Rétif à toute doxa moralisatrice – un positionnement qui fait tout l’intérêt du film – Babygirl est bien plus qu’une histoire d’adultère avec son attendu suspense quant au danger social auquel elle expose ; c’est la place du consentement que le récit questionne subtilement dans une relation fondée sur la notion de lâcher-prise et de soumission à l’autre. Devant la caméra complice d’une cinéaste par ailleurs comédienne, Nicole Kidman est sensationnelle dans cette prestation saluée d’un prix d’interprétation à Venise. La star a qualifié le tournage de « rêve fiévreux », tant la complicité avec la réalisatrice fut grande. À tel point qu’au-delà du portrait de la femme puissante aux prises avec les dérives d’un système encore patriarcal, Babygirl paraît suggérer en contrebande des correspondances troublantes entre la star Kidman et les affres de son personnage ; comme si la vie totalement contrôlée de Romy avait à voir avec celle de la comédienne ; comme si l’usage du Botox et le corps souple de l’actrice (filmé dans ses moindres détails) racontaient tout ce qu’une actrice hors pair sacrifie à sa performance pour satisfaire nos regards exigeants. Que l’on soit sensible ou non à cette mise en abîme qui ajoute à la densité du propos, Babygirl avance dans une tension passionnante de bout en bout et fait montre d’une liberté de ton d’une intelligence réjouissante. – Nicolas Milesi

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