Forme inouïe que celle de ce récit de fiction auréolé des atours du documentaire – une impression de réalité certainement accentuée par la thématique sociale du propos. À tel point qu’on se surprend à douter du fait que la jeune Helena Zengel (Benni) est en train de jouer la comédie ; sa présence est saisissante. Dans le sillage des personnages qui cherchent à lui venir en aide (son Aide de Vie Scolaire et son assistante sociale en particulier), c’est d’abord le dérèglement des situations que le film met en scène, oscillant violemment entre espoirs émouvants et profondes désespérances. De cette manière, non sans rudesse, Benni délivre à son spectateur toute la complexité d’un réel social. Aussi, lorsque Micha, l’éducateur de Benni à cours de solutions annonce « Je veux renoncer ; j’ai le fantasme de la réparation », on en mesure toute l’amère dimension. C’est précisément à ce difficile et nécessaire renoncement auquel le film de Nora Fingscheidt invite, de par sa forme même. N’attendez ici nulle catharsis d’un scénario qui avancerait vers une solution même diffuse et complexe. Benni nous laisse avec des questions et quelques inquiétudes. C’est justement parce que cette œuvre est construite au plus près de la petite fille – presque un geste – qu’elle est belle et marque durablement les esprits. ⎥ Nicolas Milesi
BENNI
Réalisateur(s) : Nora Fingscheidt
Acteur(s) : Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide
Genre(s) : Drame - Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Origine : Allemagne
Durée : 1h58
Synopsis : Benni a neuf ans. Négligée par sa mère, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu'elle n'arrive plus à contenir. Prise en charge par les services sociaux, elle n'aspire pourtant qu'à être protégée et retrouver l'amour maternel qui lui manque tant. De foyer en foyer, son assistante sociale et Micha, un éducateur, tenteront tout pour calmer ses blessures et l'aider à trouver une place dans le monde.