Bergers

Avec Bergers, Prix du meilleur film canadien au Festival International du Film de Toronto, la réalisatrice québécoise Sophie Desrape nous plonge dans une nature où les montagnes semblent observer les personnages. Pour adapter le roman autobiographique de Mathyas Lefebure, D’où viens-tu, berger ?, la réalisatrice a entrepris un véritable pèlerinage, suivant les traces de l’auteur pour retranscrire grâce au cinéma la profondeur de son récit. Ce voyage au cœur des montagnes et des traditions ancestrales porté sur grand écran est une immersion dans le monde du pastoralisme. Bergers montre que le métier de berger est un véritable oxymore : il incarne une culture millénaire dans un monde envahie de modernité. Cette coexistence est illustrée par la transhumance, où un troupeau de centaines de brebis traverse des villages et des autoroutes. Bergers soulève aussi des questions d’actualité : la cohabitation avec les loups, les effets du réchauffement climatique sur la nature, les difficultés économiques d’un métier en voie de disparition. Et invite le spectateur à réfléchir sur le rapport de l’Homme à la nature sauvage et à ce qu’elle peut lui apporter. Ce qui commence comme un appel de la montagne, un défi de dépassement pour le personnage principal, se transforme aussi en une belle romance entre deux jeunes bergers idéalistes. Les paysages, d’une beauté saisissante, sont filmés comme s’ils prenaient vie, où l’on ressent la puissance de la nature, tantôt lumineuse et chaleureuse, tantôt menaçante et silencieuse. Cette immersion totale dans la vie des bergers nomades est une expérience qui transporte directement le spectateur au sommet des Alpes. – Alix Daul