Bonjour l’asile

Bonjour l’asile

Bonjour l’asile

Réalisateur(s) : Judith Davis
Acteur(s) : Judith Davis, Claire Dumas, Maxence Tual, Simon Bakhouche, Nadir Legrand
Genre(s) : comédie
Origine : France
Durée : 1h47
Synopsis : Jeanne quitte quelques jours le stress de la vie urbaine pour aller voir sa grande amie Elisa, récemment installée à la campagne. Au coeur des bois voisins, un château abandonné devenu tiers-lieu, foisonne d'initiatives collectives. Elisa aimerait s'y investir, mais entre biberons et couches lavables, elle n'en a pas le temps. Jeanne, en militante des villes, n'y voit aucun intérêt. Quant à Amaury, promoteur en hôtellerie de luxe, le château, lui, il veut l'acheter. Tous trois convergent malgré eux vers ce lieu d'entraide et de subversion... Mais combien de temps cet asile d'aujourd'hui pourra-t-il résister à ce monde de fou ?

Ne vous fiez surtout pas au titre, il ne s’agit en rien d’un asile au sens contemporain du terme, même si le lieu où échoue Jeanne, après une querelle avec son amie, est un ancien hôpital psychiatrique, transformé par ses occupants en un refuge associatif pour personnages en quête d’une autre vie. La grande bâtisse ornée de l’écusson HP, rebaptisée Hospitalité permanente, pratique le droit d’asile, au sens médiéval du mot, dans un lieu où l’on retrouve paix et sérénité. Bonjour l’asile nous propose une réflexion jubilatoire sur notre société, qui interroge à la fois les choix de vie individuels d’un couple de néo-ruraux, épris d’écologie et de retour à une vie plus saine, et les solutions collectives inventées dans ce lieu alternatif qu’est l’HP, où règne l’acceptation de chacun dans sa singularité. Un film à plusieurs personnages principaux et plusieurs territoires, puisque viennent se mêler des intérêts économico-financiers en la personne d’un promoteur spécialisé en « hôtellerie de luxe éco-consciente » (!), gendre de l’industriel local de conserveries maritimes. Un film au goût sucré-amer, entre scènes de pure comédie et propos lucides sur les enjeux de pouvoir. À la charge mentale que font peser sur Elisa son mari et ses enfants – la candeur de Bastien qui veut bien « aider » mais ne sait même pas où se trouve le pot de moutarde est désarmante ! – répond la violence de la pression politico-policière pour expulser ces nouveaux zadistes. Le film oppose la bienveillance libertaire qui règne à l’HP, avec son goût de la fête et du travestissement, au conformisme du microcosme bourgeois des notables du coin. Entre les deux, le promoteur qui, par son travail et son mariage, s’est hissé « au-dessus » de sa condition d’origine… D’un côté le culte débonnaire des forces de la nature incarnées par une Grosse Mamma réconfortante, de l’autre celui de l’argent et de la rentabilité. La réalisatrice et sa co-scénariste ont écrit sur mesure un scénario qui s’appuie sur l’énergie et l’enthousiasme d’une troupe d’acteurs que Judith Davies connaît depuis longtemps puisqu’ils sont issus du collectif théâtral « L’Avantage du doute », qu’elle a créé avec eux il y a près de 20 ans. « Rire ensemble, cela fédère », nous affirme-t-elle ici avec conviction !
Michèle Hédin

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