CAITI BLUES

CAITI BLUES

CAITI BLUES

Réalisateur(s) : Justine Harbonnier
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France
Durée : 1h24
Synopsis : Madrid, Nouveau-Mexique. Caiti Lord s’est exilée dans cette ancienne ville-fantôme, cernée par les montagnes, loin des strass de la Big City. Elle a une voix magnifique qu’elle compte bien utiliser pour faire autre chose que vendre des cherry cocktails. Tandis que la folie s’empare des États-Unis, dans l’absurdité la plus inquiétante, Caiti éprouve un sentiment d’asphyxie grandissant. Alors, Caiti chante.

Chaque année au festival de Cannes, entre deux films de la compétition officielle, nous nous aventurons dans les sélections parallèles pour y trouver quelques pépites qui viendront enrichir notre programmation. Parmi la sélection 2023 de l’ACID, nous avons eu la chance de découvrir deux joyaux : Linda veut du poulet (entre-temps lauréat du Cristal du meilleur long-métrage au Festival d’Annecy, dont la sortie est prévue en octobre) et Caiti Blues, premier long métrage documentaire de Justine Harbonnier, qui offre une précieuse parenthèse dans le désert du sud des États-Unis. Filmé en 4/3, en plein cœur de l’hiver, l’immobilité des collines environnant la localité de Madrid où se loge l’action évoque un décor de cinéma oublié, aux tons pastel, comme délavé par la morosité des années Trump (dont le second procès en destitution se joue en toile de fond). Depuis le petit studio de la radio locale, caché derrière l’une de ces collines, une voix forte et mélancolique vient rompre le silence. Cette voix, c’est celle de Caiti Lord, jeune femme ronde et irrévérencieuse exprimant dans son émission ses joies et ses tourments. En dessinant le portrait de cette trentenaire attachante peinant à joindre les deux bouts, Caiti Blues raconte l’absurdité du quotidien et les désillusions d’une Amérique claudicante. Caiti y a pourtant certainement cru, à l’American dream. Des enregistrements vidéo insérés çà et là la révèlent en effet enfant, fréquentant la scène musicale de New York et jouant la comédie avec une assurance hilarante. Aujourd’hui, sa route s’est arrêtée au Nouveau-Mexique mais son don évident pour la musique est toujours là, entretenant la flamme de l’espoir. Caiti compose, chante, joue et se produit tant qu’elle le peut. Ses textes, qui découpent le film en chapitres, poétisent ses états d’âme avec une simplicité désarmante. Auprès de la communauté hippie locale, qui la soutient, ses désirs de lumière et de paillettes subsistent donc tant bien que mal. Tantôt explosive, tantôt gagnée par le blues, l’énergie de Caiti nous transperce telle une Janis Joplin moderne. Une ode magnifique au pouvoir salvateur de l’art. ⎥ Noémie Bourdiol

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