CARRÉ 35

CARRÉ 35

CARRÉ 35

Réalisateur(s) : Eric Caravaca
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France
Durée : 1h7
Synopsis : "Carré 35 est un lieu qui n’a jamais été nommé dans ma famille ; c’est là qu’est enterrée ma sœur aînée, morte à l’âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m’a rien dit ou presque, et dont mes parents n’avaient curieusement gardé aucune photographie. C’est pour combler cette absence d’image que j’ai entrepris ce film. Croyant simplement dérouler le fil d’une vie oubliée, j’ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j’ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes."

Décidément, le genre documentaire n’en fi- nit pas de nous surprendre, dans sa narra- tion comme dans ses sujets. A l’instar de La Passeuse des Aubrais » de Michael Prazan, Carré 35 est une véritable enquête menée, écrite, filmée à la première personne avec pour enjeu dramatique un secret de famille aussi lourd que bien caché. On connaissait Eric Caravaca comme acteur, on le découvre excellent cinéaste. Audacieux au demeurant. Prêt à filmer, face caméra, ses propres parents sur des sujets douloureux, au risque de mettre le spectateur quelque peu mal à l’aise. Mais comment faire autrement. Comment traquer cette vérité honteuse qui a été effacée du récit familial officiel ? Comment s’y retrouver face à des récits qui se contredisent, à des dates qui ne correspondent pas aux faits, aux pho- tos, comment trouver le membre de la famille qui « crachera le morceau » ou même juste « un » morceau de vérité qui permettra ensuite de remonter le fil. Dans cet écheveau psycho- logique et familial, avec comme arrière-plan historique la guerre d’Algérie et ses atrocités, Eric Caravaca, têtu, insiste, repose les mêmes questions, retourne sur les lieux, interroge et finit par apprendre et par comprendre. Il com- prend que le secret, quand il n’est guidé que par une honte sociale disproportionnée et il- légitime, alors ce secret n’est que le germe d’une longue souffrance forcément partagée par tous. Impossible d’en dire plus par égard à ceux qui n’ont pas encore vu le film. Une œuvre brève, puissante, aussi intime qu’universelle. ⎥ FRANÇOIS AYMÉ

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