Ce nouvel an qui n’est jamais arrivé

Il y a une jubilation très originale à suivre le délitement progressif de ce régime de Ceaucescu. Un délitement à la fois totalement imprévu et finalement irrémédiable. Le cinéaste Bogdan Miresanu nous montre de manière très subtile et surtout très concrète, comme cette société roumaine, était vermoulue de l’intérieur : minée par la paranoïa et la dimension ubuesque et répressive des services administratifs, policiers et médiatiques. Toute une société où la peur et la servilité au dictateur roumain (lui-même aux ordres de Moscou), étaient une règle qui finissait par pervertir toute la vie au quotidien. Le cinéaste saisit cette fin de règne à travers une galerie de personnages où les coupables sont au mieux grotesques et les victimes, particulièrement résistantes et attachantes. Enfin, une vision de l’histoire contemporaine, tout aussi personnelle que clairvoyante, avec une véritable réflexion sur les mécanismes de défense individuels face à la dictature communiste roumaine. Sachant qu’on retrouve ici tout le savoir-faire du cinéma roumain : sens aigu de l’écriture, interprétation de grande tenue et surtout ce mélange doux-amer de drame teinté d’humour noir. Une belle découverte très appréciée du public lors du dernier Festival du film d’Histoire de Pessac. – François Aymé