CHILI 1976

CHILI 1976

CHILI 1976

Réalisateur(s) : Manuela Martelli
Acteur(s) : Aline Küppenheim, Nicolás Sepúlveda, Hugo Medina
Genre(s) : Drame
Origine : Chili, Argentine
Durée : 1h35
Synopsis : Chili, 1976. Trois ans après le coup d’état de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée.

Premier long-métrage réalisé par la comédienne chilienne Manuela Martelli (elle jouait dans Mon ami Machuca en 2004), Chili 1976 décrit la lente prise de conscience de Carmen, une bourgeoise que l’éloignement de la capitale va éveiller à la cruelle réalité d’une société dangereuse et clivée par la dictature du Général Pinochet. Porté par une comédienne à l’expressivité magnétique (Aline Küppenheim, déjà mère de famille bourgeoise et sympathisante du coup d’état de 1973 dans Mon ami Machuca, justement), le film bénéficie d’un scénario nuancé qui ménage suffisamment de zones d’ombre, de non-dits et d’ellipses pour instiller toute la duperie des apparences de cette société chilienne de 1976, sans jamais perdre le spectateur en route pour autant. Inscrit dans le sillage d’une héroïne quasi-hitchcockienne, le film inquiète autant qu’il séduit, sur une musique tour à tour lancinante ou sournoisement invasive. Très esthétique, avec des décors à la photogénie remarquable, la reconstitution des années 70 n’est jamais chichiteuse. À travers elle, par petites touches successives, c’est l’intérêt de Carmen pour la décoration intérieure et les œuvres de bienfaisance qui s’étiole, tandis que l’héroïne, face au Pacifique de sa villégiature, embrasse des combats autrement plus déterminants.
À côté de l’œuvre immense d’un Patricio Guzmán, ce premier film de Manuela Martelli ne démérite nullement et sa sincérité pourra convaincre le public – qui lui a décerné son Prix au dernier festival de Biarritz. Chili 1976 est une description pertinente de l’hypocrisie des apparences de ces années-là, dans laquelle tout un pan de la société chilienne s’engouffrait pour longtemps. ⎥ Nicolas Milesi

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