DETROIT

DETROIT

DETROIT

Réalisateur(s) : Kathryn Bigelow
Acteur(s) : John Boyega, Will Poulter, Jack Reynor, Anthony Mackie, Algee Smith, Jacob Latimore, Hannah Murray
Genre(s) : Drame
Origine : USA
Durée : 2h23
Synopsis : Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…

« Après The Hurt Locker et Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow nous entraîne dans une autre zone de guerre, encore plus troublante pour le spectateur du fait de sa proximité. Même si les événements auxquels elle fait écho se sont déroulés il y a 50 ans, l’effet de miroir jette sur notre époque un reflet férocement actuel. Et douloureux. Faisant équipe pour une troisième fois avec le scénariste Mark Boal, ancien journaliste, la cinéaste propose une fiction documentée en reconstituant un épisode particulièrement tragique, survenu à Detroit pendant les émeutes de l’été 1967. Kathryn Bigelow s’attarde longuement à faire vivre cet épisode de l’intérieur, dont le dénouement, on s’en doute, a été aussi choquant que brutal. Un peu comme l’a fait Christopher Nolan avec Dunkerque, la cinéaste filme en état d’urgence et propose ici une expérience immersive, dénuée de tout psychologisme. Nous sommes dans le « ici, main- tenant ». Le dernier acte de Detroit est par ailleurs consacré au procès de trois policiers, traduits en justice à cause de leurs dérapages meurtriers, devant un jury constitué uniquement de personnes blanches. Plutôt qu’un brûlot anti-policier (ce qu’il aurait facilement pu être), Detroit trace avant tout un portrait implacable d’une société qui, il y a 50 ans, était gangrenée par un racisme systémique. Ce film puissant interpelle assurément cette société de la même façon un demi-siècle plus tard. Évidemment, Detroit risque d’être encensé ou décrié aux États- Unis selon le côté de la fracture politique où l’on loge, mais il n’empêche qu’une fois de plus, Kathryn Bigelow a eu le courage d’aller gratter là où ça fait mal, en offrant au monde un film aussi dur que nécessaire. » ⎥LA PRESSE

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