Réussir un film d’époque et une comédie tient d’une double prouesse qui ne se rencontre pas si souvent dans le cinéma français. Le prodige du théâtre Alexis Michalik y parvient avec une juste dose d’humour, de finesse et de fantaisie réjouissante. Son premier long-métrage adapté de sa propre pièce triomphale – écrite ironiquement pour le cinéma mais transposée au théâtre faute de producteurs –, retrace dans un savant mélange de vérité historique et de fiction romanesque la naissance de l’une des plus belles pièces du répertoire classique : Cyrano de Bergerac. Après l’éclatante évocation de la vie de Georges Méliès dans sa pièce Le Cercle des illusionnistes, Michalik imagine la façon dont la vie d’Edmond Rostand et les rencontres qui l’ont jalonnée ont pu nourrir et façonner l’écriture de son chef d’oeuvre, rappelant le procédé employé dans le Molière de Laurent Tirard en 2007, et instillant du même coup une réflexion sur la création et l’inspiration. D’une jeune garde impeccable dans les rôles principaux, au cortège de comédiens affirmés à l’instar de l’excellent Olivier Gourmet, le casting fait vivre les dialogues d’Alexis Michalik avec une justesse et une grâce qui font mouche. La reconstitution soignée et convaincante, le souffle rythmique et de vraies trouvailles d’écriture concourent en effet à composer de brillants moments de comédie. Mais cette déclaration d’amour au théâtre est avant tout l’occasion d’éprouver le plaisir toujours vivace et intemporel d’entendre les vers de la pièce de Rostand. Un conseil : ne zappez pas le générique… ⎥ Audrey Pailhès

EDMOND
Réalisateur(s) : Alexis Michalik
Acteur(s) : Guillaume Riant, Thomas Solivérès, Olivier Gourmet
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1h50
Synopsis : Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».