EL REINO

EL REINO

EL REINO

Réalisateur(s) : Rodrigo Sorogoyen
Acteur(s) : Antonio de la Torre, Monica Lopez, Nacho Fresneda
Genre(s) : Policier
Origine : Espagne
Durée : 2h11
Synopsis : Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu'il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal...

Après Que Dios Nos Perdone qui marqua les esprits en 2016, Rodrigo Sorogoyen signe à nouveau avec sa co-scénariste Isabel Peña le récit d’El Reino, au tempo tout aussi frénétique. Traitant de la corruption politique en Espagne, le film la décontextualise savamment (le parti politique – fictif – ou les villes dans lesquelles se situe l’action ne sont jamais nommées), ne permettant volontairement pas de remonter vers les inspirations réelles des deux auteurs. Et instillant la sensation que la corruption est partout. (Seul marqueur ostensible, le premier iPhone possédé par un des protagonistes permet de situer l’action en 2007, soit avant la catastrophe boursière de 2008.) L’autre grande idée de El Reino est de raconter cette histoire du point de vue du politicien corrompu, dès lors jamais lâché par la caméra. Sous les traits magnétiques d’Antonio De La Torre, Manuel López-Vidal fait montre d’une opiniâtreté à se défendre et à lutter contre la paranoïa ambiante qui forcerait presque l’admiration. C’est un des risques assumés de ce choix de mise en scène, nonobstant le dernier face à face du film qui constitue un réquisitoire les yeux dans les yeux et sans aucune ambigüité !
La profusion des dialogues, le jeu surexcité des comédiens, le rythme du montage et la musique de plus en plus électro et répétitive : tout invite le spectateur à l’allure endiablée. Captivante de bout en bout, cette course déplorable pour sauver sa peau tourne au thriller dans la sinistre nuit andorrane, loin des balades en yacht ensoleillées du début du film. El Reino illustre avec un talent retentissant (sept Goya au compteur tout de même !) qu’il y a quelque chose de pourri au royaume d’Espagne. Peut-être une avidité dont l’immédiateté de notre époque est justement une grande pourvoyeuse ? ⎥ Nicolas Milesi

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