Avec Ernest Cole, photographe, nous sommes dans le documentaire d’art et d’histoire haut de gamme. Tout d’abord, parce que le film est signé Raoul Peck, cinéaste surdoué mais aussi ancien Ministre de la Culture de la République d’Haïti et ancien Président de la FEMIS. L’auteur du fameux
I Am Not Your Negro, mais aussi du Jeune Karl Marx, de Lumumba et de L’Homme sur les quais. Que des films d’histoire, solides, documentés, dédiés à des figures militantes qui défient et dénoncent l’exploitation de certains hommes par d’autres.
Ensuite, parce que le film est consacré à un artiste génial et courageux. Un photographe qui saisit et publia toute l’indécence et la monstruosité de l’apartheid en Afrique du Sud. Tout comme il photographiera, plus tard, la ségrégation des Noirs aux Etats-Unis.
Enfin, parce que le film est monté à partir des photos de Ernest Cole. C’est un festival de clichés de Cole montés avec maestria par Raoul Peck. Pour qui aime la photo, c’est tout simplement fascinant. Mais pour les autres, ça le sera également. Tant le film montre comment un cliché peut révéler, dénoncer, interpeller. C’est la puissance politique de cet art que le cinéaste haïtien met en scène, malgré la censure en Afrique du Sud, l’exil de Cole, sa reconnaissance tardive ou ses difficultés financières. À l’instar du documentaire À la recherche de Vivian Maier, le film Ernest Cole, photographe nous explique comment la personnalité et le regard d’une personne relayés par un appareil photo peuvent nous ouvrir les yeux sur le monde. En révéler la beauté comme les horreurs. Magistral ! – François Aymé
