Intelligence du cœur et de l’esprit, fluidité et rigueur de la mise en scène. On savait cela de Marco Bellocchio, 77 ans, l’un des derniers grands maîtres du cinéma italien (avec Ermanno Olmi). On savait aussi qu’il était capable de s’égarer un peu, comme dans son dernier film, Sangue del mio sangue. Joie et émotion : Fais de beaux rêves, inspiré d’un livre de Massimo Gramellini (grand journaliste de La Stampa), est un très beau film, d’une simplicité limpide, autour d’une tragédie intime. Celle vécue par Massimo, un garçon de 9 ans, qui a une relation très tendre et complice avec sa mère. On est en 1969, à Turin. Dans la première séquence, on les voit danser un rock dans le salon. L’attachement est manifeste, même si une part d’ombre caresse déjà ce chromo assumé, où l’on pressent le drame. (…) Le film ne cesse de faire des allers-retours entre 1969, un peu les années 70, où Massimo est ado, et la fin des années 90. C’est depuis ce présent là que le récit se construit, autour de doutes et de peurs – scène très forte que celle où Massimo, assailli par une crise d’angoisse, appelle l’hôpital et reprend peu à peu sa respiration grâce aux consignes données par un médecin (Bérénice Bejo). Si Bellocchio ne croit pas en Dieu (il dénonce une fois encore les méfaits et les mystifications de la religion, tout en épargnant un homme d’église savant), au moins croit-il dans la cure, l’amélioration de soi et du monde. Fais de beaux rêves, souvent poignant, soulage aussi, en menant à une forme de délivrance, symbolisée par une danse déchainée ou, pour rester dans une tonalité plus proche de Belphégor que du Christ, endiablée. ⎥ TÉLÉRAMA

FAIS DE BEAUX RÊVES
Réalisateur(s) : Marco Bellocchio
Acteur(s) : Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Guido Caprino
Genre(s) : Drame
Origine : Italie, France
Durée : 2h10
Synopsis : Turin, 1969.
Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle est désormais au Paradis. Massimo refuse d’accepter cette disparition brutale.
Année 1990.
Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son passé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses parents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession…