Passer une journée à bord du bus de Vic, dans le cœur du Wisconsin est une expérience déroutante et enthousiasmante. C’est assister à la fois à l’éclosion d’un nouveau cinéma américain et d’un nouveau cinéma russe avec la sensation de découvrir des territoires inédits. Le récit effréné, ramassé sur 24h, nous plonge à bras le corps dans la vie de ces héros quotidiens, un peu marginaux, surtout magnifiques. Cette immersion n’est qu’accentuée par l’overlapping sonore, une scène en appelant une autre à l’oreille. Dans le même creuset, Tangerine de Sean Baker nous transportait sur une journée à travers Los Angeles. Ici nous traversons Milwaukee à toute berzingue, transbahutés dans l’effervescence d’une ville qui bout. Les quelques scènes d’émeute témoignent de l’audace formelle stupéfiante du film. On ne peut s’empêcher de penser au cinéma des frères Safdie (Good Time) dans cette exploration de personnages fragiles mais déterminés, secoués au montage mais caressés par la pellicule. La résilience est aujourd’hui au cœur de tous les discours, en voici une incarnation. ⎥ Victor Courgeon

GIVE ME LIBERTY
Réalisateur(s) : Kirill Mikhanovsky
Acteur(s) : Chris Galust, Lauren 'Lolo' Spencer, Darya Ekamasova
Genre(s) : Comédie
Origine : USA
Durée : 1h51
Synopsis : Vic, malchanceux jeune Américain d’origine russe, conduit un minibus pour personnes handicapées à Milwaukee. Alors que des manifestations éclatent dans la ville, il est déjà très en retard et sur le point d’être licencié. A contrecœur, il accepte cependant de conduire son grand-père sénile et ses vieux amis Russes à des funérailles. En chemin, Vic s’arrête dans un quartier afro-américain pour récupérer Tracy, une femme atteinte de la maladie de Lou Gehrig. C’est alors que la journée de Vic devient joyeusement incontrôlable.
Inspiré par les expériences de sa propre jeunesse, le réalisateur Kirill Mikhanovsky livre une comédie touchante et vivifiante.