GLORIA MUNDI

GLORIA MUNDI

GLORIA MUNDI

Réalisateur(s) : Robert Guédiguian
Acteur(s) : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h47
Synopsis : Daniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie… En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout. Quand un coup du sort fait voler en éclat ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, va tout tenter pour les aider.

Ascaride, Darroussin, Meylan, Demoustier, Stévenin, Leprince-Ringuet… Depuis pas mal d’années, découvrir un film de Robert Guédiguian, c’est à chaque fois renouer avec une bande familière – et talentueuse ! – au service d’une œuvre cohérente, patiemment ciselée et préoccupée par les changements du monde.
Deux ans après le sublime La Villa, dans lequel infusait une douce mélancolie, Gloria mundi confine à la tragédie. Comme si le cinéaste désespérait du monde actuel, en proie à ce qu’il nomme « ce fléau mortel qu’est la volonté de chacun de posséder ce que les autres possèdent ». Nulle aigreur pour autant chez cet humaniste forcené qui fabrique un cinéma à la noblesse grandissante avec les années. Habité par une humble détermination, Guédiguian paraît tourner des films comme son héros Daniel (Gérard Meylan) écrit des haïkus : pour « aller chercher des bons moments et les fixer pour l’éternité ». Gloria mundi émeut pas ses mouvements contradictoires et ce, dès son ouverture qui voit naître la petite Gloria, sorte de promesse fragile, au son du requiem de Verdi. Véritable offrande au sortir des années de détention, Gloria est celle par qui son grand-père Daniel va renouer avec son passé ou ce qu’il en reste. Bel alter ego pour le cinéaste que ce personnage qui sort de prison comme d’une grotte, « en remuant la poussière ». Et belle aubaine pour regarder comment le monde a changé. Le film vibre de l’espoir d’une fraternité humaine qui persiste, malgré une fragilité inquiétante, à l’instar de ce titre, « Gloria mundi », discrètement précédé d’un « Sic transit » (Sic transit gloria mundi : Ainsi passe la gloire du monde.)
Les personnages populaires chers à Guédiguian nous bouleversent parce qu’ils restent debout et se débattent dans une société corrodée par l’égoïsme et le froid intérêt. En artisan d’un cinéma jamais surplombant, le réalisateur patine Gloria mundi d’une sagesse profondément émouvante, qu’un autre haïku de Daniel résume parfaitement : « La mort nous poursuit et la vie nous rattrape. Pour un certain temps. » ⎥ Nicolas Milesi

Partager