GOODBYE JULIA

GOODBYE JULIA

GOODBYE JULIA

Réalisateur(s) : Mohamed Kordofani
Acteur(s) : Siran Riak, Ger Duany, Eiman Yousif
Genre(s) : Drame
Origine : Soudan, Egypte, France
Durée : 2h1
Synopsis : Une étrange amitié lie une riche soudanaise musulmane du Nord à une soudanaise chrétienne du Sud démunie après la mort de son mari. Que cache la sollicitude de l’une envers l’autre ?

Rareté absolue que ce premier film soudanais de l’Histoire à accéder au festival de Cannes – dans la sélection Un certain regard, où il a remporté le Prix de la Liberté.
Auteur du scénario et réalisateur de Goodbye Julia (qui est son premier long métrage de fiction), Mohamed Kordofani est originaire de Khartoum et avoue : « durant mon enfance, je ne connaissais personne du Sud, à part quelques employés de maison, comme si nous avions tous pratiqué un apartheid social ». C’est de cette culpabilité dont est issu son film, ainsi que de son désir de construire une nouvelle identité nationale, réconciliée. À l’arrivée, non sans avoir abandonné son métier d’ingénieur en aéronautique pour s’investir totalement dans ce projet, le cinéaste livre une œuvre courageuse, empreinte de sincérité et passionnante pour qui veut toucher du doigt la réalité complexe d’un pays fracturé – le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis 2011, est le plus jeune état de la planète. Le scénario de Goodbye Julia s’inscrit en 2005 (durant les premiers mouvements qui mèneront à la sécession du Sud) et sait ménager les coups de théâtre, complexifiant son intrigue dans le sillage de ses deux personnages féminins, forts et surprenants. Ces derniers doivent beaucoup à l’interprétation d’Eiman Yousif, une actrice militante du théâtre soudanais, et de Siran Riak, dont la plastique impressionnante est par ailleurs au service de grandes marques occidentales. Rythmé, haletant, Goodbye Julia marie habilement une forme quasi hollywoodienne à un contenu historiquement compliqué, fait de coup d’état, de révolution et de fanatisme identitaire, sans jamais perdre son spectateur en chemin. À la fois destiné à un public soudanais et international, le film réalise la prouesse d’incarner subtilement des situations que certains médias caricaturent trop souvent. C’est l’immense intérêt de cette œuvre que d’évoquer intelligemment une situation sociale et politique toujours explosive (en avril 2023, un nouveau conflit essaimait dans plusieurs villes, notamment à Khartoum). Pédagogique et soucieux de mettre en récit une histoire chaotique, Goodbye Julia vaut largement le détour même si son dernier plan semble tristement divinatoire. ⎥ Nicolas Milesi

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