Certains films sont si talentueux à mettre en image les grands espaces que c’est à l’intérieur de soi même qu’ils invitent à regarder. Grand Marin est de ceux-là. Adapté du récit autobiographique de Catherine Poulain, ce scénario semble tout aussi intime avec le parcours de sa réalisatrice, dont il est le premier long métrage et dans lequel elle incarne aussi le personnage central. Les tournages en mer sont très complexes et il est à parier que la jeune cinéaste Dina Drukarova possède une force de caractère qui n’a rien à envier à celle du personnage de Lili. À l’arrivée, Grand Marin fait montre d’une beauté troublante, usant à la fois d’un scope hiératique à l’unisson avec les paysages islandais et déroulant des séquences de pêches quasi documentaires, rarissimes au cinéma. Film fragilement arc-bouté sur le présent de ses personnages, habile à préserver le mystère de leurs errances qui pourraient faire envie, Grand Marin libère ses spectateurs d’un récit trop enfermant et insuffle un plaidoyer contre les clichés sexistes et les assignations de tous ordres. Le montage de Valérie Loiseleux s’adosse au vent du large et à une bande son musicale et ciselée. « Je m’intéresse à l’émotion, au questionnement, à la beauté et la simplicité » déclare Dina Drukarova. En ce début d’année 2023, du très beau cinéma pour larguer les amarres ! ⎥ Nicolas Milesi
GRAND MARIN
Réalisateur(s) : Dinara Drukarova
Acteur(s) : Dinara Drukarova, Sam Louwyck, Björn Hlynur Haraldsson
Genre(s) : Drame
Origine : France, GB, Allemagne
Durée : 1h24
Synopsis : Lili a tout quitté pour partir au bout du monde réaliser son rêve : pêcher sur les mers du Nord. Elle persuade Ian, capitaine de chalutier, de lui donner sa chance et s'embarque sur le Rebel. Solitaire et insaisissable, celle que l’on surnomme « moineau » est la seule femme de l’équipage. Mais sous une apparente fragilité Lili est déterminée à aller jusqu’au bout de sa quête et défendre sa liberté.