Graziella

Graziella

Graziella

Réalisateur(s) : Mehdi Charef
Acteur(s) : Rossy de Palma, Denis Lavant, Claire Nebout
Genre(s) : Drame - Avertissement
Origine : France
Durée : 1h38
Synopsis : Il était projectionniste et avait le sentiment heureux de participer à la création des films. Elle était infirmière, et danseuse le soir... Avec son profil à la Picasso elle l'aimait, mais de loin sans y croire. C'était il y a 20 ans. Une autre vie. Le hasard et la prison ont fini par les réunir au rythme cadencé d'Une Journée Particulière d'Ettore Scola. Sous le regard d'Alice, une ancienne prostituée, ils finissent leur peine le jour à Jeanne d'Arc, un grand pensionnat fermé pendant les vacances d'automne, et la nuit dans des cellules mitoyennes en prison. Mais l'enfer n'est plus la prison, "Sing Sing" comme ils disent, mais "les autres". Graziella et Antoine sont alors prêts au pire des défis pour survivre.

Cela paraît une éternité. En 2007, la dernière fois que Mehdi Charef a réalisé un film – Cartou- ches gauloises – le cinéma n’ét zait pas encore numérique. Il apparaît que le réalisateur du Thé au harem d’Archimède a pris son temps pour, lui tout seul, écrire le scénario de Graziella, une histoire dans laquelle des individus se débattent pour s’acclimater à leur sortie de prison imminente. Mais aussi un récit qui s’enracine loin en arrière, en ce temps d’avant celui – mau- dit et éternellement présent – du milieu carcéral. Entre Antoine, autrefois projectionniste, qui transporte avec lui de la pellicule 70mm comme une relique, et Graziella, l’ancienne danseuse sensible à la poésie, le film de Medhi Charef suggère une inclination de plus en plus évidente, quasi organique (« Fais gaffe à lui, il te ressemble » s’entend dire Graziella à propos d’An- toine). Denis Lavant, autrefois révélé par Léos Carax, et Rossy De Palma, muse historique d’Almodóvar, affichent ici leurs deux gueules sublimes comme des étendards, véritables sur- vivants dans un monde désenchanté, plus radical et brutal que jamais. Loin de la bluette, leur romance a la noblesse de la résistance à l’hostilité ambiante, à la bêtise et aux images qui n’ont plus de sens. Mehdi Charef ose la citation cinéphilique pure (quatre plans subliminaux d’Une Journée particulière) et fait de Graziella un geste d’alchimiste tendu vers la beauté cachée au cœur du réel. « Ce n’est pas possible de raconter les choses telles qu’elles sont vraiment dans la réalité, explique Mehdi Charef. Le cinéma c’est quoi ? C’est faire croire que cela n’a pas existé. » À lui seul, le visage de Rossy de Palma incarne cette foi dans la puissance de la représentation. Graziella en constitue son écrin le plus nostalgique et le plus bouleversant. – NICoLAS MILESI

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