De Saverio Costanzo, nous avions adoré La Solitude des nombres premiers, la rencontre miraculeuse entre deux êtres aussi fragiles que solitaires. Une merveille de sensibilité et d’écriture. Avec Hungry Hearts, on retrouve ce thème de la difficulté à vivre à deux mais ici avec un enfant. On retrouve également Alba Rohrwatcher, décidément très en vogue de l’autre côté des Alpes : après son interprétation dans Les Merveilles, elle a en effet reçu à Venise le prix d’interprétation de la meilleure actrice pour Hungry Hearts. Le film commence comme une comédie (un homme et une femme qui ne se connaissent pas se retrouvent enfermés dans des toilettes), ça continue comme une histoire d’amour, et puis le récit se transforme en huis clos psychologique tendu, tirant vers l’univers de Roman Polanski (on pense à Répulsion , au Locataire). On assiste à la fois fasciné et inquiet à une lente et progressive dérive paranoïaque, à un face à face nerveux, têtu entre deux êtres qui s’aiment malgré tout. Tout cela est scénarisé et interprété avec une grande maîtrise. Quand on sait que l’actrice principale est la compagne du réalisateur, la vision du film fait un peu froid dans le dos car le film a un charme étrange et vénéneux, il s’aventure dans les territoires peu explorés de la folie. Si vous êtes prêt à sortir des sentiers battus et à faire face aux mystères de l’âme humaine, n’hésitez pas. – FRANÇOIS AYMÉ

hungry hearts
Réalisateur(s) : Saverio Costanzo
Acteur(s) : MAdam Driver, Alba Rohrwacher, Roberta Maxwell...
Genre(s) : Drame
Origine : Italie
Durée : 1h53
Synopsis : Jude est Américain, Mina Italienne. Ils se rencontrent à New York, tombent fous amoureux et se marient. Lorsque Mina tombe enceinte, une nouvelle vie s’offre à eux. Mais l’arrivée du bébé bouleverse leur relation. Mina, persuadée que son enfant est unique, le protège de façon obsessionnelle du monde extérieur. Jude, par amour, respecte sa position jusqu’à ce qu’il comprenne que Mina commence à perdre contact avec la réalité.