INDIA SONG

INDIA SONG

INDIA SONG

Réalisateur(s) : Marguerite Duras
Acteur(s) : DELPHINE SEYRIG, MICHAEL LONSDALE...
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h54
Synopsis : Une réception à l’ambassade de France à Cal- cutta en 1938. Concert de voix pour une choré- graphie spectrale : le vice-consul de Lahore crie son amour à Anne-Marie Stretter...

Marguerite Duras – la dernière des romantiques – est une exception. Ecrivain à part entière lorsqu’elle écrivait, cinéaste à part entière lorsqu’elle filmait. Personne n’a fait mieux, pas même Cocteau. India Song, qu’est-ce ? Un parfum, un songe, une drogue. Impossible de s’en défaire. On regarde, on écoute, on est transporté là-bas, dans les Indes des années 30, dans la propriété d’Anne-Marie Stretter, ambassadrice de France. Torpeur de mousson, Cerrutti 1881 ivoire pour les costumes des hommes. Les personnages, modèles de chic négligé, sont prostrés. Debout ou couchés sur les tapis. Le moindre de leur déplacement ressemble à une caresse (mortelle ?). Tout n’est que beauté et langueur. La musique de Carlos d’Alessio ? Une onde lancinante, un soupir qui étourdit – on défie quiconque de ne pas y être sensible.
Dans ce monde de bruissements, d’échos, de nostalgie, les dialogues n’ont pas leur place. Dominent alors les notes de piano qui tombent comme des fruits trop mûrs, le chant des oiseaux, la mélopée de la mendiante de Savannekht, la sensation des couleurs (le violet, le mordoré). Et le timbre des voix off qui confirment ou infirment ce qu’on voit à l’image, celles qui réveillent le souvenir d’Anne-Marie Stretter et de ses hommes, dont le vice-consul, dévoré par le chagrin (Michael Lonsdale et son cri déchirant). Delphine Seyrig, altière, en robe longue, est souveraine et hautement désirable lorsqu’elle dévoile, au détour d’un gros plan sidérant, un sein d’albâtre où perlent quelques gouttes de sueur. Risible que tout cela ? C’est possible – le film est une mine pour des humoristes en mal de caricature. Maniériste, complaisant, répétitif, durassien à en mourir, oui il est tout cela. Il n’est même que cela : une délectation morose. TELERAMA

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