Un un vice caché est un défaut qui ne se voit pas mais qui affecte un objet et le rend inapte à l’usage. Cela peut être une combustion spontanée, de la rouille ou encore la vie elle-même, tout ce qui déclenche un processus de dégradation intérieure. A l’instar des aspirations d’un pays dont les promesses n’auraient pas été tenues. Voilà la grande vague qui court au long de l’œuvre de Pynchon, et qui ronge en souterrain le film de Paul Thomas Anderson : cette Californie de rêve qui à l’aube des seventies, se réveille avec un arrière-goût amer. Pas seulement parce que Reagan devient gouverneur de la Californie ou que Nixon accède au pouvoir. Ni parce que Charles Manson a assassiné Sharon Tate et six autres personnes dans sa maison de Beverley Hills. Mais parce que l’époque, au lendemain des sixties psychédéliques, a transformé ses chimères en obsessions lucratives. Elle a programmé sa perte, enterré ses espérances, enfanté le monde d’aujourd’hui. (…) De fait, si « Inherent Vice » est un grand film sur la psyché d’un pays, c’est aussi une œuvre sur la paranoïa, à travers laquelle Paul Thomas Anderson explore le rapport que chacun entretient à la réalité. (…) Le monde d’Inherent Vice est une impasse terrible à la vérité, dans ce qu’il laisse entrevoir, entre deux villas californiennes, d’une société qui n’aurait pas dû advenir. Cela n’empêche pas le film d’être drôle et d’une saveur aussi suave que flippante.
Sophie Avon, Sud-Ouest Dimanche
Inherent vice
Réalisateur(s) : Paul Thomas Anderson
Acteur(s) : Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson
Genre(s) : Adapté de Thomas Pynchon
Origine : USA
Durée : 2h29
Synopsis : L’ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu’elle est tombée amoureuse d’un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l’épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n’est pas si simple… C’est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître.