J’AI TUÉ MA MÈRE

J’AI TUÉ MA MÈRE

J’AI TUÉ MA MÈRE

Réalisateur(s) : Xavier Dolan
Acteur(s) : Xavier Dolan, Anne Dorval, Suzanne Clément
Genre(s) : Drame
Origine : Canada
Durée : 1h40
Synopsis : Hubert Minel n'aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà de ces irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation amour-haine qui l'obsède de plus en plus, Hubert vague dans les arcanes d'une adolescence à la fois marginale et typique -découvertes artistiques, expériences illicites, ouverture à l'amitié, sexe et ostracisme- rongé par la hargne qu'il éprouve à l'égard d'une femme qu'il aimait pourtant jadis.

Véritable coup de coeur cannois (le film a raflé trois prix à la Quinzaine des
Réalisateurs), J’ai tué ma mère ne relate pas à proprement parler le crime oedipien
contenu dans le titre. C’est une comédie que le (très) jeune Xavier Dolan a écrite – à
17 ans – puis mise en images deux ans plus tard… Contre-pied aux comédies prépubères
qui défigurent parfois le visage cinéma, J’ai tué ma mère est extrêmement
séduisant car tout entier pétri du regard de son grand ado de réalisateur. À l’image
du concerto de Vivaldi présent dans la bande-son, l’énergie y est sauvage et
irrégulière. Les scènes de disputes très drôles (dans lesquelles l’hystérique n’est pas
celle que l’on croit) alternent avec des séquences plus graves qui disent le mal-être
sans trop le cartographier. C’est bien parce qu’aucune thèse ne sous-tend visiblement
le scénario que ce dernier emporte l’adhésion, nous faisant les témoins réjouis de ce
système de valeurs à géométrie variable propre aux adolescents. Anne Dorval (la
mère) est gâtée dans nombres de saynètes où elle excelle. On imagine aisément la
charge thérapeutique du film pour son auteur. Ce détail ne doit pas effrayer ; le recul
du point de vue est suffisamment extraordinaire – et réjouissant – pour mériter le
détour ! ⎥ NICOLAS MILÉSI

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