Je suis toujours là

Au Festival du film d’histoire 2024, pour la compétition fiction, entre Au pays de nos frères, The Brutalist, Ce Nouvel an qui n’est jamais arrivé, La Jeune Femme à l’aiguille ou Maja, une épopée finlandaise, la concurrence était rude. À l’arrivée, c’est bien Je suis toujours là de Walter Salles qui rafle le doublé, prix du jury étudiant et prix du public, ce dernier trophée remporté avec une note moyenne de 18/20. Un rare plébiscite. C’était aussi notre coup de cœur, pour ne pas dire plus. Cinquante ans après les faits, le cinéaste revient, opportunément, sur les méthodes affreuses de la dictature brésilienne. Il revient sur l’histoire de Rubens Paiva, ancien député de l’opposition, qui fut arrêté et… du jour au lendemain, sans procès, sans rien, disparaît. Bien entendu, on connaît depuis longtemps ces méthodes utilisées, hier en Amérique latine, aujourd’hui en Chine ou en Russie. Mais le film de Walter salles, en partant de ce personnage historique, et en adoptant le point de vue de la famille du disparu, en particulier de l’épouse, démonte avec précision et exigence de vérité les mécanismes pervers et lancinants de la disparition, cette mort lente qui n’en finit jamais. Comment vivre ou plutôt comment survivre quand un mari ou un père a disparu ? Le film est adapté du livre Ainda Estou Aqui de Marcela Rubens Paiva, le fameux écrivain et journaliste, fils du député disparu. Le récit est mené de manière magistrale, Je suis toujours là a d’ailleurs reçu le Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise. L’interprétation est tout simplement bouleversante, en particulier celle de Fernanda Torres, nommée meilleure actrice aux Golden Globes. Avec La Chambre d’à côté, l’un des tout premiers grands films de 2025.