Lors du dernier festival des Toiles Filantes, en mars dernier, nous accueillions Aurel pour un work in progress de Josep qui avait aiguisé notre curiosité. Elle a êté servie ! Le film nous plonge au côté du dessinateur catalan, fuyant l’Espagne franquiste pendant la Retirada en 1939. Il se retrouve interné dans un camp du sud de la France aux côtes de centaines de milliers de réfugiés espagnols. Pour raconter cette histoire, Aurel, lui-même dessinateur de presse, s’est associé au scénariste Jean-Louis Milesi, fidèle partenaire de Robert Guédiguian. Ils ont construit tous les deux un récit enchassé, gage de transmission.
L’histoire est racontée par un gendarme, ayant cotoyé Josep, et se confiant à son petit-fils. Dès lors, la narration nous emmène du présent au passé douloureux et peu connu. Le film opère un véritable travail mémoriel intergénérationnel. Graphiquement, le styles du dessin évoluent selon le contexte — alternant noir et blanc et couleur, fluidité et saccades — et les œuvres originales de Josep apparaissent régulièrement à l’image — toutes puissantes sur grand écran. L’épopée de ce dessinateur courageux le conduit jusqu’aux bras de Frida Kahlo. Les teintes se font alors plus généreuses, à l’instar du timbre de Silvia Pérez Cruz qui prête sa voix à l’artiste mexicaine. La chanteuse espagnole signe la magnifique bande-originale du film, qui accompagne un riche environnement sonore. À l’image comme au son, Aurel fait usage de toute la palette narrative du cinéma d’animation, percutant dans ce qu’il choisit de figurer comme dans ce qu’il ne montre pas. Éloge de l’art qui devient geste de survie et acte de résistance, Josep est un regard singulier sur une sombre période de l’histoire française, qui décidément ne nous a rien appris sur l’accueil des réfugiés. ⎥ Victor Courgeon

Josep
Réalisateur(s) : Aurel
Acteur(s) : Animation
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h20
Synopsis : Février 1939. Submergé par le flot de Républi- cains espagnols fuyant la dictature de Franco, le gouvernement français décide de parquer ces Espagnols dans des camps de concentra- tion où les réfugiés n’auront d ’autres choix que de construire leurs propres baraquements, de se nourrir des chevaux qui les ont portés hors de leur pays, et de mourir par centaines à cause du manque d’hygiène et d’eau... Dans un de ces camps, deux hommes, séparés par un fil de fer barbelé, vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est Josep Bartoli (Barcelone 1910 - New York 1995), combattant antifran- quiste et dessinateur...