Gazette 538
« En écrivant cette histoire, je me suis rendu compte qu’à bien des égards, nous sommes tous Julie. Chacun a des silences en soi, des choses qu’on n’a jamais confiées à personne ou qu’on n’a jamais sues dire. » souligne Leonardo VanDijl. Sous les traits de Tessa Van den Broeck, jeune actrice et athlète, Julie se dévoile et exprime peu à peu l’envie de reprendre le contrôle de son existence face au dilemme de témoigner ou non. Singulière dans son énergie rythmée par le silence de Julie, la caméra suit chacun de ses gestes et la force de ses frappes. Là encore l’esprit du tennis et du combat – intérieur – reste présent. Entièrement tour- né en pellicule 35 mm par le chef opérateur Nicolas Karakatsanis (qui avait signé les photographies de Moi, Tonya ou encore
Bullhead), le film témoigne une extrême préci- sion dans son exécution car la pellicule n’est pas infinie : chaque soupir et regard importent dans la mise en scène finale. Plus que tout, Julie se tait interroge notre responsabilité de rendre réelle la souffrance des autres, même tue, et montre à quel point la prévention et la sensibilisation sont précieuses. Le silence de Julie est violent, on sent qu’il ronge son identité de jeune femme en construction. La parole de Julie, et des autres, se fait attendre mais finira par se faire entendre d’une manière ou d’une autre.
– ALIX DAUL