Juliette au printemps

Juliette au printemps

Juliette au printemps

Réalisateur(s) : Blandine Lenoir
Acteur(s) : Izïa Higelin, Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin
Genre(s) : Drame
Origine : France
Synopsis : D'après d'après le roman graphique Juliette: les fantômes reviennent au printemps de Camille Jourdy. Juliette, 35 ans, illustratrice de livres pour enfants, retourne dans le lieu où elle a grandi pour passer quinze jours en compagnie de ses proches : un père un peu lunaire, une sœur qui a d’autres chats à fouetter entre ses gosses, son boulot, son falot de mari et son amant, une mère aux abonnés absents et une grand-mère qui perd la tête. Souvenirs enfouis, non-dits et secrets de famille remontent à la surface…

Après Rosalie Blum de Julien Rappeneau (2016), Juliette au Printemps est la seconde adaptation d’une BD de Camille Jourdy (Juliette, les fantômes reviennent au Printemps, Éditions Actes Sud BD). Dans cette peinture du quotidien d’une famille à la fois pleine d’humour et traversée par la tragédie, la cinéaste Blandine Lenoir (Aurore, Annie Colère) a perçu la tonalité qui singularise son cinéma, elle qui aime « chercher le drame dans la comédie, et le comique du drame ». Aidée de sa co-scénariste Maud Ameline (familière, entre autres, du bel univers de Mikhaël Hers), la réalisatrice convoque un milieu social peu vu au cinéma (celui de la petite bourgeoisie provinciale), peuplé de personnages attachants : Izïa Higelin en jeune trentenaire qui trimballe son mal-être, Jean-Pierre Darroussin en père taiseux, Noémie Lvovsky en mère fantasque ou Sophie Guillemin en grande sœur hyperactive et débordée. Sous le prétexte d’une chronique familiale jalonnée de saynètes du quotidien tour à tour drôles et touchantes, le film laisse infuser une sensibilité moderne, au féminisme feutré. « Le féminisme, c’est aussi raconter des hommes sentimentaux, détaille Blandine Lenoir, des femmes qui travaillent, qui sont désirantes, qui gèrent une famille, c’est mettre en scène des corps qu’on ne voit pas souvent au cinéma, c’est mettre à mal “l’instinct maternel” »… » Point fort du film, la mise en scène des dessins de Camille Jourdy (qui constellent le récit jusqu’à s’y animer) amène un véritable supplément d’âme. Les esquisses révèlent subtilement les non-dits charriés dans cette famille – comme dans toutes les familles. Ils sont le vecteur d’un renouveau que le titre du film induit. Lenoir sait ouvrager une belle alchimie, une proximité muette avec des personnages à portée de main qui inscrivent Juliette au Printemps dans une intimité réconfortante. ⎥ Nicolas Milesi

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