Librement adapté du récit autobiographique de Meriem Ben Mohamed par la scénariste et réalisatrice du Challat de Tunis ; magnifiquement incarné par la jeune Mariam Al Ferjani, tout juste sortie d’une école de cinéma (comme réalisatrice) et un metteur en scène de théâtre tout en nuances, Ghanem Zrelli, le film frappe d’emblée par sa construction. Pas de flash-back dans la narration de cette nuit de liesse, d’effroi puis de combat. En 9 plans-séquences comme autant de scènes d’un théâtre classique aux unités de temps, d’action et de lieu, le film présente un huis- clos, sans artificialité, préciosité ou virtuosité démonstrative ; dans les lumières et couleurs propres à la fête, la nuit, les institutions hos- pitalières ou policières, le jour enfin, assorti d’un jeu particulier sur le bleu. Du grand art. Là où le sujet faisait redouter un réalisme éprouvant, prévaut la force contenue de Youssef et Mariam, leur dignité et leur re- gard de braise sur la société tunisienne d’après la révolution (présente en filigrane). C’est aussi la réussite du film que de montrer ces quelques hommes autoriser, favoriser ou porter à bout de bras la quête de justice de Mariam. Sentiment exacerbé aujourd’hui par le jaillissement de voix féminines, faisant voler en éclats 30 ans de musellement par un magnat hollywoodien du cinéma d’art et essai… et ses affidés. Et l’on ose espèrer que la génération de Youssef, qu’elle s’exprime sur le bassin méditer- ranéen ou dans cet inquiétant Far-West, ne laissera pas s’éteindre ces voix féminines… ⎥ FLORENCE LASSALLE

LA BELLE ET LA MEUTE
Réalisateur(s) : Kaouther Ben Hania
Acteur(s) : Mariem Ferjani
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h40
Synopsis : Lors d'une fête étudiante, Mariam, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam, erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?