LA BRIGADE

« Que ce soit dans Les Invisibles ou aujourd’hui La Brigade, Louis-Julien Petit éclaire ceux qui en ont besoin tout en prenant le recul nécessaire pour qu’ils existent. » On ne saurait mieux qu’Audrey Lamy définir la démarche que le cinéaste décline de film en film, à travers son intérêt pour la question de l’intégration au sens large. Fidèle et complice, la comédienne est idoine pour incarner la gouaille généreuse de Cathy Marie et porter de bout en bout sa nouvelle comédie sociale. Le réalisateur de Discount (2013) est coutumier des sujets difficiles mis en scène via des exutoires comiques. Ainsi, La Brigade s’empare du sujet a priori pas drolatique du tout des mineurs migrants non accompagnés et de l’épée de Damoclès au-dessus de leur tête, à savoir celle d’une expulsion s’ils n’ont pas intégré une formation avant leur 18 ans. Incarnés par des non-professionnels issus de castings dans diverses associations d’accueil parisiennes, les jeunes migrants procurent à l’intrigue le même vérisme qui avait fait mouche dans Les Invisibles. En face de pareille sincérité, des comédiens chevronnés (et qui, seuls, connaissent le scénario) donnent la réplique, dans des scènes où se déploie le comique de situation. La fiction et le naturalisme s’imbriquent pour divertir et, par-là, sensibiliser. « Je veux être dans des films comme celui-là : engagé, populaire et divertissant » précise François Cluzet, qui n’a pas prétendu au premier rôle pour faire partie de l’aventure. Qu’importe si, au fond, le réalisme de l’intrigue n’est pas toujours au rendez-vous ; le mouvement du film emporte l’adhésion par les seules valeurs qu’il promeut. Des valeurs qui procurent une chaleur indispensable dans notre glaçante actualité. ⎥ Nicolas Milesi