LA CHANSON DE L’ÉLÉPHANT

LA CHANSON DE L’ÉLÉPHANT

LA CHANSON DE L’ÉLÉPHANT

Réalisateur(s) : Charles Binamé
Acteur(s) : Bruce Greenwood, Xavier Dolan, Catherine Keener
Genre(s) : Drame
Origine : Canada
Durée : 1h50
Synopsis : À la veille de Noël, la disparition soudaine du docteur Lawrence provoque une onde de choc dans l’institution psychiatrique où il exerce. Le directeur, le docteur Green, veut éviter que la nouvelle devienne publique, car l’hôpital a été récemment au centre d’un scandale. Il entreprend alors de questionner Michael, un jeune homme en traitement qui est le dernier à avoir vu le médecin. Malgré l’avertissement de l’infirmière en chef qui connaît mieux que quiconque le patient, celui-ci entraîne Green dans un jeu psychologique qui le trouble profondément.

Présenté au Festival de Toronto en 2014, La Chanson de l’éléphant n’avait pas eu droit aux honneurs d’une sortie cinéma dans l’hexagone. Or, Xavier Dolan faisant partie du trio d’acteurs principaux de ce thriller canadien, il semblerait que le succès européen grandissant du « jeune prodige du cinéma québécois » ait constitué le meilleur des visas pour une visibilité du film de ce côté-ci de l’Atlantique. Adapté du théâtre par Nicolas Billon, le propre auteur de la pièce originelle – The Elephant Song (2003) – le film de Charles Binamé intrigue tout de suite de par sa singulière construc- tion, à la fois fluide et pleine de faux-semblants. Comparé à «un jeu de poupées russes» par le réalisateur, La Chanson de l’éléphant joue avec les points de vue et entraîne le spectateur à douter d’un réel qui s’étoffe de possibles incompatibles… Sous les assauts verbaux du pa- tient Michael (Xavier Dolan, tout en force de persuasion – là aussi !), le trouble gangrène le Dr Green (Bruce Greenwood, sorte de double québecois de Liam Neeson) et la nurse Peterson (Catherine Keener, toujours aussi charismatique) tandis que la situation sursaute par à-coups successifs du ludique vers un sordide des plus inquiétants. On n’en dira pas plus, mais on vous aura prévenu : la manipulation est reine dans cette histoire dont le rebondissement final est d’une intelligence diabolique. Dans La Chanson de l’éléphant, un personnage a la mainmise sur la véritable histoire qui, en creux, irrigue le film – un peu comme Michael Caine dans le Piège mortel (1982) de Sidney Lumet, autre adaptation aux coups de théâtre haletants. Sauf qu’ici, non content d’être divertissant, ce film à facettes multiples s’achève avec beaucoup d’émotion ; c’est que l’institution psychiatrique abrite en son sein la folie, dont on sait « tous les élans et les désastres » (Rimbaud). ⎥ NICOLAS MILESI

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