LA CONSPIRATION DES BELETTES

LA CONSPIRATION DES BELETTES

LA CONSPIRATION DES BELETTES

Réalisateur(s) : Juan José Campanella
Acteur(s) : Clara Lago, Graciela Borges, Oscar Martinez
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : Argentine
Durée : 2h9
Synopsis : Quatre vieux amis : un réalisateur, un scénariste, une actrice et son mari partagent une grande maison à la campagne. Ils mènent une vie paisible jusqu’à l’arrivée d'un jeune couple d’agents immobiliers sans scrupules prêt à tout pour récupérer la propriété… Mais c’est sans compter sur la malice de ces septuagénaires.

Des images d’un « vieux » film en noir et blanc défilent sur un écran, dans le sous-sol d’une propriété au décor baroque. Aux murs, des affiches de la célèbre actrice Mara Ordaz et, dans le hall, bien en évidence, la célèbre statuette en plaqué or récompensant son rôle dans le Meilleur film étranger. On se croit dans un des films de Billy Wilder, Sunset Boulevard ou Fedora, mais J.J. Campanella dont on connaissait le magnifique thriller politique et historique Dans ses yeux (Oscar du meilleur film étranger en 2010) a l’art de nous réserver bien des surprises. Prenez un quartier de citron bien acide chez Billy Wilder, mâtiné d’un zeste de Vincente Minnelli (Les Ensorcelés et Quinze jours ailleurs, tableaux désenchantés de l’univers hollywoodien), ajoutez-y une pincée de Claude Chabrol, dans son observation aiguë d’un microcosme vénéneux et son humour parfois macabre, et vous aurez une petite idée de la plongée à la fois terrible et cocasse qui vous attend. Les belettes dont il est question ne sont qu’une métaphore, mais puisqu’il s’agit d’une conspiration, on ne peut rien dire de plus de l’intrigue. Sur fond de dialogues piquants, de parties de billard en parties d’échecs, tous les protagonistes s’épient et se défient. Qui sont les méchants ? On sent la jubilation de tous les acteurs à nous berner en nous présentant des facettes multiples : Oscar Martinez en metteur en scène habitué à tirer les ficelles, comme il le fait pour les nuisibles, Marcos Mundstock en scénariste faiseur de bons mots, et Luis Brandoni, dans le rôle le plus ingrat, celui du mari – sans compter Nicolas Francella, le jeune premier sûr de son charme – tous sont vraiment épatants. Et que dire des rôles féminins ? Graciela Borges, narcissique et tourmentée, écrasée par le poids du passé et de sa célébrité perdue, Clara Lago, en jeune femme d’affaires arriviste, sont tout aussi ambiguës. Ces interprètes au mieux de leur forme arrivent brillamment à faire passer les quelques facilités ou invraisemblances du scénario. Le spectateur n’en a cure, c’est le rire qui l’emporte au final, devant tant de noirceur. ⎥ Michèle Hédin

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