LA MORT DE LOUIS XIV

LA MORT DE LOUIS XIV

LA MORT DE LOUIS XIV

Réalisateur(s) : Albert Serra
Acteur(s) : Jean-Pierre Léaud, Patrick d’Assumçao, Irène Silvagni…
Genre(s) : funèbre et troublant
Origine : France, Espagne
Durée : 1h45
Synopsis : Août 1715. À son retour de promenade, Louis XIV ressent une vive douleur à la jambe. Les jours suivants, le Roi poursuit ses obligations mais ses nuits sont agitées, la fièvre le gagne. Il se nourrit peu et s’affaiblit de plus en plus. C’est le début de la lente agonie du plus grand roi de France, entouré de ses fidèles et de ses médecins.

De film en film, l’artiste catalan Albert Serra invite les spectateurs à un cinéma singulier. Après Histoire de ma mort (2013, inspiré des Mémoires de Casanova et lauréat du Léopard d’Or au Festival de Locarno), le cinéaste cultive ici, en la personne du Roi Soleil, son intérêt ancien pour les personnages au croisement de l’Histoire et du mythe. La Mort de Louis XIV est le titre programmatique d’un récit au parti pris radical : un huis clos qui se déroule exclusivement dans la chambre du roi, durant les deux semaines de son agonie (du 9 août au 1er septembre 1715) qui signèrent la fin d’un règne personnel de 72 ans, le plus long de l’Histoire de France. Les Mémoires de Saint-Simon et celles du Marquis de Dangeau – deux courtisans qui assistèrent aux derniers jours de Louis XIV – ont livré une matière riche et exacte à un scénario avant tout préoccupé par «l’évocation d’un mythe dans son rapport à l’ordinaire, à l’intime».
Composés et éclairés tels des tableaux de Charles Le Brun ou de Hyacinthe Rigaud – les peintres de Louis XIV – les plans osent une durée qui leur confèrent un certain hiératisme. S’ils disent que l’intimité d’un roi de France n’existe pas, ils finissent en même temps par en révéler les signes, tandis que la douleur étreint de plus en plus le corps du monarque. C’est à cette patiente manifestation que le film travaille. Et c’est là qu’il nous trouble. L’incarnation confiée à Jean-Pierre Léaud fait partie des très bonnes idées de La Mort de Louis XIV. Spectaculairement emperruqué, lui-même mythe vivant du cinéma, il sait faire survenir une présence grandissante. Que son visage frémisse ou que son regard plutonien nous fixe de longues secondes, c’est à une double intensité qu’il nous confronte puissamment : celle de la mort d’un roi conscient de son rôle et celle d’un homme condamné qui s’en remet à Dieu. ⎥ Nicolas Milesi

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