LA NUIT DU 12

LA NUIT DU 12

LA NUIT DU 12

Réalisateur(s) : Dominik Moll
Acteur(s) : Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi
Genre(s) : Thriller
Origine : France
Durée : 1h54
Synopsis : À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.

Dans le Cantal de Harry un ami qui vous veut du bien (2000), dans la grande banlieue toulousaine de Lemming (2005) ou dans la Lozère de Seules les bêtes (2019), Dominik Moll élabore avec talent des histoires où l’étrangeté le dispute au vertige. Comme si ses mises en scènes épurées révélaient le mystère de territoires finalement pas si balisés. Présenté comme l’adaptation du livre de Pauline Guéna – 18.3. Une année à la PJ, qui raconte une année d’immersion dans la police judiciaire de Versailles – La Nuit du 12 est en réalité « tiré d’une petite trentaine de pages sur un livre qui en fait plus de cinq cents », précise le cinéaste, auteur du scénario avec son fidèle acolyte Gilles Marchand. Et de commencer par planter le récit singulier de cette enquête inaboutie (rien de divulgâché ici car un carton le précise dès l’ouverture du film) dans le décor oppressant et majestueux des montagnes grenobloises et de la vallée de la Maurienne.
Suite au crime sordide, La Nuit du 12 décrit d’abord une enquête policière au vérisme troublant, menée par un surprenant duo de flics qu’incarnent deux comédiens épatants. D’un côté, Bouli Lanners en policier trop humain et sentimental pour supporter l’ingratitude du métier ; de l’autre Bastien Bouillon, dont le mélange de douceur et de gravité mélancolique masque mal sa hantise des pistes qui tournent en rond, à l’image des sessions de vélodrome auxquelles il s’adonne. Et tandis que La Nuit du 12 finit par raconter l’obsession et le trouble grandissant d’un enquêteur scrupuleux face à un crime irrésolu, c’est dans une autre dimension que le film bascule au détour d’une scène-clé poignante, celle dans laquelle Nanie, la meilleure amie de la victime, craque – « Moi je sais, je vais vous dire pourquoi elle s’est fait tuer ». Dès lors, le récit s’intéresse à ce « quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes », tel que le résume l’enquêteur Yohan à la juge (singulière Anouck Grinberg) qui relance l’enquête après trois ans d’une ellipse qu’on n’avait pas vu arriver.
Car c’est tout le charme de ce film que de s’éloigner subrepticement du fait divers pour donner à voir une réalité à la fois diffuse et béante, celle « d’un monde dans lequel ce sont majoritairement des hommes qui commettent des crimes et ce sont majoritairement des hommes qui sont censés les résoudre ». Captivant. ⎥ Nicolas Milesi

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